Les routes communicantes: le spectre d’un mur à la frontière gréco-turque
La tension à la frontière gréco-turque est une conséquence directe des politiques de fermeture des routes migratoires par la Méditerranée. L’Agence européenne Frontex est le pompier pyromane zélé de cette politique des « routes communicantes ». Après le « succès » des patrouilles maritimes en 2009, les 200 garde-frontières Frontex déployés le long de l’Evros en novembre 2010 auraient fait chuter de 44% le nombre des entrées irrégulières, passées de près de 250 à environ 140 par jour. Parions que d’ici peu l’Agence sera appelée à patrouiller dans la Mer Noire le long de la frontière bulgare ! Aussi, la Commission européenne appelle à la mise en œuvre de l’accord de réadmission avec la Turquie. Mais mal rédigé, mal négocié, il ouvre la voie à toutes les interprétations quant à sa mise en œuvre c’est à dire à tous les abus. De plus, en ne concernant que les migrants sur le sol européen ayant épuisé les voies de régularisation de leur séjour, comment peut-il améliorer la situation à la frontière?
La Grèce et la Turquie, déjà en difficulté sur la destruction du mur de séparation chypriote, ne peuvent en aucun cas supporter les conséquences d’une politique migratoire indigente et d’un contrôle des frontières extérieures de l’Union irresponsable.
La construction d’un mur sur le territoire de la future Europe, ou à sa porte, ne peut être admise. Les souvenirs macabres de Ceuta et Melilla sont là pour nous rappeler les conséquences dramatiques d’un tel projet. Mais aussi, cette construction signerait un renoncement retentissant et difficilement réversible à l’approfondissement de l’intégration européenne. La création d’un corps de garde-côtes européens, dûment comptables du respect des droits de l’homme et du droit humanitaire, la liberté d’entrée et de circulation des demandeurs d’asile en Europe, le développement d’une politique migratoire ambitieuse garantissant l’égalité des droits, sont des mesures de toute première urgence. Le spectre d’une Europe enclose dans des murailles que seuls passeraient des migrants épuisés, rackettés, violentés, harcelés, menacés, plane…il est urgent de le dissiper.