Lutte contre le terrorisme: des mesures symboliques inefficaces
Après le vote, Eva JOLY, députée européenne du groupe Verts/ALE a déclaré:
« La protection de nos concitoyens est un devoir absolu. Leur dire la vérité aussi. Or ce n’est pas le choix fait aujourd’hui par les quatre plus grands groupes politiques du Parlement, Socialistes et Libéraux inclus. En se prononçant pour une adoption rapide du PNR européen, ils ont opté pour le symbole et l’inefficacité.
Ils ajoutent une nouvelle mesure aux 239 déjà adoptées par l’Union européenne depuis le 11 septembre 2001 dont nul n’a à ce jour testé l’efficacité. Ils utilisent les attaques survenues à Paris pour promouvoir une mesure qui atteint gravement aux libertés sans pour autant répondre correctement à la menace terroriste.
Une stratégie antiterroriste cohérente doit fournir aux services de sécurité, de police et de justice les moyens et les ressources nécessaires pour se concentrer sur les risques spécifiques et les soupçons concrets, mettre en œuvre une coopération technique plus efficace entre les services, entre les États-membres ainsi qu’avec les agences européennes Europol et Eurojust. Elle doit mettre l’accent sur la surveillance ciblée de véritables suspects et de leurs proches. En appliquant par exemple à la lutte contre le terrorisme, le concept utilisé dans la lutte contre la corruption de « Personne politiquement exposée », nous limiterions la surveillance aux personnes connues des services de renseignement et à leur proche entourage.
Ce n’est pas le choix qu’a fait aujourd’hui le Parlement. En se prononçant pour l’adoption du PNR, il prône une surveillance généralisée qui ne préviendra pas les actes terroristes. Par contre, cela engendrera des démocraties fragiles qui pourraient être tentées par des dérives. Le PNR n’est pas seulement une atteinte aux libertés fondamentales. C’est aussi un choix de société. Le choix de dépenser 500 millions d’euros dans la surveillance de masse quand ils seraient plus utiles pour prévenir la radicalisation, pour construire une société de l’inclusion, qui reste notre plus grande force contre la folie meurtrière des terroristes.
Nous ne gagnerons pas en utilisant seulement la force et la répression. Il faut aussi combattre la réalité de l’humiliation, du chômage et de l’exclusion, de la prison. Plus que jamais, nous devons investir dans l’éducation, le social, la justice, la culture. Notre sécurité est à ce prix. »
EXPLICATION DE VOTE
Le groupe des Verts / ALE a voté contre la résolution sur les mesures de lutte contre le terrorisme. Adoptée par 4 groupes politiques, Socialistes et Libéraux inclus, elle promeut une mesure qui atteint gravement aux libertés sans répondre à la menace terroriste. Aux mesures efficaces, ils préfèrent la surveillance de masse et la rétention des données personnelles. Nous, nous refusons de « mettre à profit » les attentats de Paris comme l’a déclaré un membre de l’UMP (PPE) pour promouvoir le fameux PNR européen. Une mesure dont l’efficacité reste à prouver. En se prononçant pour son adoption, le PE prône une surveillance généralisée qui ne préviendra pas les actes terroristes mais engendrera des démocraties fragiles. Le PNR n’est pas seulement une atteinte aux libertés. C’est aussi un choix de société. Celui de dépenser 500 millions d’euros dans la surveillance de masse quand ils seraient plus utiles au financement de la surveillance ciblée de véritables suspects, du travail de terrain, de la coopération entre services de police et de renseignements des États-membres, notamment des équipes communes d’enquête sous l’autorité d’Europol et Eurojust. 500 millions utiles pour prévenir la radicalisation, combattre le chômage et l’exclusion, réformer la prison, construire une société de l’inclusion, notre force contre la folie meurtrière des terroristes.