Ne confondons pas économie collaborative et plateformes professionnelles
Selon Karima DELLI :
« L’économie collaborative n’est pas un petit sujet car elle touche au quotidien des citoyens européens, dans leur mobilité, notamment avec les plateformes de transport à la demande et de partage de logement. Bien que les communautés d’utilisateurs de ces plateformes enflent de façon exponentielle –Blablacar a atteint plus de 10 millions d’utilisateurs en Europe par exemple- la Commission se refuse à encadrer cette activité, qui évolue soit dans un vide juridique total soit selon des législations nationales à géométrie variable. Toutes les startups de l’économie collaborative le disent, l’absence de législation empêche l’émergence de champions européens.
Pourtant, dans les transports, il y aurait bien besoin de plus d’économie du partage. Que ce soient les vélos en libre-service, l’auto-partage ou le co-voiturage, tous ces modes encouragés par l’économie collaborative pourraient constituer une alternative réelle à la voiture individuelle et participer de ce fait à l’effort collectif qui s’impose pour réduire les émissions polluantes des transports après la COP21.
Mais l’économie collaborative ne pourra gagner la place qu’elle mérite que si elle se débarrasse des compagnies de transport professionnelles qui la parasitent en tirant profit de ce flou. C’est le cas par exemple des Uber ou Deliveroo, que le rapport du Parlement européen et la CJUE rangent clairement dans la catégorie des services de transport traditionnels, contrairement aux services purement collaboratifs qui doivent rester dans leur très grande majorité non professionnels pour ne pas occasionner de concurrence déloyale.
Une législation européenne permettrait donc à l’économie collaborative de ne pas participer à l' »uberisation » du monde, et encore moins d’encourager les emplois précaires de faux-indépendants et le dumping social que cela pourrait occasionner. »