Perturbateurs endocriniens: la Commission européenne condamnée Une humiliation nécessaire
La Commission européenne vient d’être condamnée par la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE). Pour quel motif? Car elle n’a pas respecté la législation européenne qui lui imposait d’encadrer les perturbateurs endocriniens dès décembre 2013.
Le poids des lobbies industriels
L’ironie de l’histoire est ici vive et cruelle. En vertu de l’article 17 du Traité sur l’Union européenne, la Commission « surveille l’application du droit de l’Union sous le contrôle de la Cour de justice de l’Union européenne. » C’est la théorie. En pratique, quand il s’agit de protéger notre environnement et notre santé, il semble que la Commission ne surveille pas grand-chose, d’où la condamnation sans ambiguïté de la Cour de Justice.
Même le joli nom de l’adresse du siège de la Commission à Bruxelles, Rue de la Loi, n’aura pas empêché l’exécutif européen de bafouer la législation européenne.
Oui, bafouer, et de la manière la plus scandaleuse qui soit. En effet, en 2009, le Parlement européen et le Conseil (les États membres) avaient demandé à la Commission européenne d’établir des critères précis pour encadrer les perturbateurs endocriniens.
Ces substances sont présentes un peu partout : dans les pesticides (le glyphosate du RoundUp), les composants du plastique (Bisphénol A, phtalates) ou encore les cosmétiques (parabènes). Comme le terme « perturbateur endocrinien » l’indique, ce type de substances dérègle le système hormonal des êtres humains et peut causer entre autres des problèmes neurologiques, de fertilité ou encore de diabète. Tout ceci n’a pas inquiété la Commission européenne qui, au cours des six dernières années, a préféré écouter les craintes des lobbies industriels.
« une menace mondiale »
Comme l’a minutieusement raconté la journaliste indépendante Stéphane Horel dans son dernier livre « Intoxication », paru en octobre dernier, si la Commission n’a pris aucune mesure dans le domaine des perturbateurs endocriniens, c’est qu’elle a cédé à la pression des multinationales de l’agrochimie qui savent parfaitement transmettre leur position par l’intermédiaire de scientifiques qu’elles rémunèrent généreusement.
En octobre 2012, sur demande de la Direction générale de l’environnement de la Commission européenne, un rapport scientifique est publié et montre clairement que, lorsqu’il s’agit de perturbateurs endocriniens, la question de la dose n’est pas pertinente, dans la mesure où une telle substance peut être plus dangereuse à faible dose qu’à dose plus forte et que c’est aussi, au cours de notre vie, le moment auquel on est exposé à un tel perturbateur qui importe. D’où l’importance de réguler spécifiquement l’utilisation de telles substances.
En outre, en février 2013, une publication conjointe d’une étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme de l’ONU pour l’environnement (PNUE) affirme que les « perturbateurs endocriniens représentent une menace mondiale ».
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