Réfugiés Kurdes
> Tout d’abord, je tiens à saluer l’élan de fraternité et d’humanité dont ont fait preuve les habitants de l’Extrême Sud, notamment à Bunifaziu. Ils ont fait honneur à la Corse, et on ne peut que les en remercier. Ils ont apporté réconfort et humanité à ceux qui en avaient tant besoin, et il est inadmissible que l’administration ait pu ainsi mépriser leur action en évacuant les 124 réfugiés dans l’urgence, sans la moindre concertation avec ceux qui avaient pris en charge leur accueil.
> Comment peut-on rester insensibles au sort de ces milliers de personnes qui, obligées de fuir leur pays, pour des raisons politiques et économiques, s’engagent avec femmes et enfants dans ce voyage au bout de la nuit ? L’Europe a-t-elle renoncé à son humanisme en refusant de venir au secours de ces tragédies ? Et la France se montre désormais parmi les pays d’Europe les plus fermés et les plus insensibles, au nom d’une « identité nationale » qui a pour seule finalité, dans la bouche d’un Eric Besson, de rejeter toute altérité, qu’elle soit corse ou qu’elle soit kurde.
> Les conditions dans lesquelles a été menée « l’exfiltration » de ces 124 réfugiés, et leur dispersion dans une demi-douzaine de centres du continent, alors que tout commandait de les laisser ensemble pour mieux se remettre du traumatisme de leur périple, est bien la marque de cette politique sécuritaire et insensible au sort des plus démunis. C’est dans de véritables prisons, même si on les a baptisés « centres de rétention », qu’ils vont être enfermés plusieurs semaines, y compris les enfants : est-ce digne d’un pays des droits de l’Homme ?
> L’Europe sait que le Kurdistan, sous domination syrienne, turque ou iranienne, est un pays où l’on est privé de liberté. Récemment, alors même que la Turquie aspire à intégrer l’Union Européenne, un parti kurde fort de plus de vingt députés, le DKP, a été interdit du jour au lendemain, bafouant toutes les libertés politiques. En Iran et en Syrie, leur situation est absolument dramatique et ils y subissent les pires des dictatures. Dans ces conditions l’octroi du statut de réfugié politique leur revient naturellement, et j’apporte tout mon soutien aux associations qui portent cette revendication légitime.