Sortu : un nouveau parti toujours illégal au Pays basque

8 avril 2011
Le 19 février dernier, des dizaines de milliers de personnes manifestaient à Bilbao pour exiger la légalisation de Sortu, un nouveau parti politique basque, de gauche, qui rejette l’usage de la violence. Le Tribunal suprême de Madrid a refusé son inscription au registre des partis politiques… ce qui ne lui permettra pas de participer aux élections locales de mai prochain. Pour Catherine Grèze et François Alfonsi (Alliance libre européenne), seul un dialogue établi avec des représentants élus du peuple basque pourra résoudre ce conflit.
Près d’un mois après l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral permanent et général par ETA, le nouveau parti indépendantiste Sortu (« créer » en langue basque) a été présenté début février par la gauche abertzale, en vue des prochaines élections municipales prévues au mois de mai. Il rejette « l’usage de la violence ou la menace de son utilisation pour parvenir à des objectifs politiques », « y compris la violence de l’ETA » et propose une « réparation de toutes les victimes » des violences de l’ETA.

Le Tribunal suprême de Madrid vient pourtant de refuser son inscription au registre des partis politiques légalisés, à la demande du ministère public et du procureur. La raison : Sortu serait « au service de l’ETA » et son rejet public de la violence du groupé armé, un simple « un stratagème » pour revenir sur le devant de la scène politique basque. Cette décision ne fait pas l’unanimité au sein du Tribunal. Sept membres ont même convoqué les caméras de télévision pour exprimer leur refus d’une « illégalisation préventive » sans bases juridiques, et dénoncer l’absence de lien établi avec l’ETA. La défense peut encore faire appel à la Cour constitutionnelle mais il est peu probable qu’elle rende sa décision avant les élections de mai.

A l’invitation des eurodéputés EELV, deux experts en droit international, Juan Jose Alvarez et Didier Rouget, sont intervenus au Parlement européen de Strasbourg, le jeudi 7 avril 2011, pour évoquer la loi sur les partis politiques en Espagne. François Alfonsi (Alliance libre européenne) et Catherine Grèze ont ainsi souhaité attirer l’attention de leurs collègues parlementaires sur ce conflit qui, malheureusement, est largement ignoré en dehors du territoire basque. Pour les deux eurodéputés, « le Gouvernement espagnol doit montrer sa volonté de coopération. » Deux avancées de sa part seraient significatives pour débloquer la situation : les politiques carcérales et sécuritaires doivent être adaptées à la nouvelle situation et la gauche abertzale doit pouvoir présenter des candidats aux prochaines élections locales. C’est la condition sine qua non à la mise en place d’un dialogue multipartite. « Avec qui pourrait-on négocier une résolution pacifique du conflit, si ce n’est avec des représentants élus du peuple basque ? »

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