Thon rouge : une législation à son strict minimum
S’exprimant après le vote, l’eurodéputé espagnol Vert/ALE Raül Romeva, rapporteur sur ce dossier, a déclaré:
« Le triste état des stocks de thon rouge dans l’Atlantique et la Méditerranée est bien connu et l’Union Européenne (UE), principal exploitant de cette espèce, doit assumer ses responsabilités. Ce qui a été adopté aujourd’hui représente le strict minimum. Cela ne constitue rien de plus que la mise en œuvre des standards minimums reconnus au plan international. Cela ne correspond pas aux attentes des scientifiques plus que préoccupés par la diminution spectaculaire des stocks de thon rouge. L’UE a donc manqué une occasion de prendre des mesures significatives pour empêcher la disparition du thon rouge.
Si l’UE veut prendre au sérieux la sauvegarde du thon rouge, il faudrait fermer des zones de pêche – en particulier pendant la saison de reproduction – et adopter des mesures plus strictes pour combler certaines lacunes qui aggravent actuellement le problème de la surexploitation du stock. Par exemple, de plus stricts contrôles de la flotte et des industries connexes sont nécessaires pour empêcher la pêche illégale et la surpêche.
L’UE aura à nouveau, en novembre de cette année, l’occasion de faire pression pour des quotas plus stricts et des règlements plus en conformité avec les recommandations scientifiques de la CICTA. Si ce n’est pas déjà trop tard – et il y aura de moins en moins d’opportunités pour empêcher la disparition du thon rouge. «
Pour Sandrine Bélier, députée européenne EELV en charge du dossier pour le Groupe des Verts en commission environnement :
« Une espèce qui disparait, c’est mettre tout un écosystème et l’économie qui en dépend en péril. Certes l’Union Européenne vient de se mettre en conformité avec les engagements pris dans le cadre de la CICTA, mais nous sommes encore loin des mesures nécessaires pour mettre en œuvre un autre engagement international : le Plan Stratégique d’Aïchi pour la biodiversité (Nagoya, 2010) qui prévoit que, d’ici 2020, « les pêcheries n’aient pas d’impacts négatifs marqués sur les espèces menacées ». Aujourd’hui ce vote a minima nous rappelle l’urgence à agir au niveau de l’Union Européenne mais également au niveau mondial. Le Sommet de la Terre de Rio+20 constituera l’occasion pour la communauté internationale de renforcer la gouvernance et gestion des mers et océans par l’adoption d’un nouveau cadre juridique regroupant les instruments existants et ceux encore nécessaires. »
(1) Les mesures ont été décidées par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA).
Vidéo à suivre avec Sandrine Bélier et Jean-Paul Besset.