Tournant pour la pêche
– Une rupture. Le vote du Parlement tourne le dos à l’ancienne politique commune de la pêche qui reposait essentiellement sur un système de subventions encourageant la surpêche, le marchandage de quotas entre gouvernements et des pratiques destructrices des stocks halieutiques et du milieu marin. Bilan désastreux : en dix ans, les prises de poissons ont diminué de 25% en Europe, les effectifs de pêcheurs se sont réduits de 30% et la majorité des stocks (60% en Atlantique, 80% en Méditerranée) ont atteint ou dépassés leur limites d’exploitation. Moins de poissons, donc moins de pêcheurs … l’aveuglement productiviste a enclenché la chaîne du déclin économique et social sur l’ensemble d’une filière économique.
– Une révolution. Pour le Parlement, la politique de la pêche dans les eaux européennes – licences de pêche, TAC et quotas – sera désormais déterminée par l’état biologique de la ressource, à savoir le rendement maximum durable (RMD), dont le niveau sera fixé par les experts scientifiques. Ces droits à accéder au bien commun de l’humanité que constituent les mers et les poissons seront octroyés selon des plans pluri annuels élaborés pêcheries par pêcheries, c’est-à-dire au plus près du terrain et des parties prenantes, en particulier les pécheurs. Les bonnes pratiques seront systématiquement encouragées (engins de pêche sélectifs selon les espèces, interdiction des rejets, protection des océans) selon une démarche éco-systémique globale.
Avec ce changement de cap qui introduit le principe de durabilité au cœur de la régulation économique, la tendance au déclin économique et social des pêcheries européennes devrait être inversée. La pêche entrerait ainsi dans un cercle vertueux et montrerait qu’une telle démarche est possible dans l’ensemble des secteurs économiques et que la reconversion écologique n’est pas un vain mot.