Une délégation d’élus Verts à la rencontre des migrants Pour un statut européen de l’asile
Samedi 24.10.2009, 14:00
Une délégation d’élus Verts, français et européens, était à Calais hier. L’occasion de faire le point sur la situation des migrants lors d’une visite des squats, d’une rencontre des associations, des migrants eux-mêmes, des installations portuaires et du centre de rétention.
Le hasard réserve parfois des surprises. Une délégation internationale d’élus Verts était, hier, à Calais pour une visite des lieux où cheminent les migrants. Dans l’ancienne « jungle » ils croisent quatre Afghans et discutent avec eux. Incroyable. Les quatre jeunes hommes ont été reconnus dans leurs statuts de réfugiés ! « C’est incroyable, s’insurge Zoé Genot, députée fédérale belge. J’étais persuadée que tous ces gens qui survivent à Calais étaient hors procédure. Mais non. Certains sont demandeurs d’asile. D’autres sont même réfugiés politiques. En Belgique l’État serait condamné s’il laissait ces personnes errer ainsi. Il devrait payer 250 euros par jour par personne non hébergée. » Même son de cloche pour la député européenne britannique Jean Lambert : « On peut beaucoup critiquer la Grande-Bretagne pour sa politique migratoire, mais je suis frappée par le manque total de soutien de l’État vis-à-vis de ces jeunes gens. Chez nous, tous les demandeurs d’asile et réfugiés bénéficient d’un hébergement, de cours d’alphabétisation, de l’équivalent d’un RMI, etc. Voilà pourquoi il faut revenir sur les accords de Dublin . » Cette convention impose aux États membres de prendre en charge le migrant qui est entré illégalement en Europe en posant le pied dans ce pays. En clair, les États riches du nord-ouest de l’Europe renvoient la responsabilité de leur politique d’asile sur les épaules des pays pauvres qui possèdent une frontière extérieure à l’espace Schengen. Par leur position géographique évidente, la Grèce, l’Italie, Malte ou la Pologne subissent le revers de la médaille Dublin et croulent sous les demandes d’asile…
Abroger Dublin
« C’est pourquoi nous sommes favorables à un système d’asile uniforme en Europe, déclare Hélène Flautre, députée européenne. Derrière les écrans de fumée que jette Éric Besson, ministre de l’Immigration, il faut entendre ce qui se passe réellement. Éric Besson mène une politique qui tourne le dos et piétine les droits des personnes et leur besoin de protections. » Les élus Verts entendent y opposer une politique pragmatique de protection des personnes, en particulier des mineurs isolés.
Le combat de ces parlementaires vise non seulement l’abrogation des accords de Dublin, la création d’un statut européen d’asile afin que le migrant puisse demander l’asile dans le pays de son choix mais aussi l’uniformisation de la politiqe d’asile et de la pratique, nivelée évidemment par le haut. « Il n’y a aucune raison pour qu’on obtienne plus facilement l’asile en Suède qu’en Grèce alors que ces États ont signé la même convention », dénonce Jean Lambert.
Toutes les échelles de la politique européenne étaient présentes hier à Calais. La sénatrice Marie Blandin le martèle : « Les États doivent assumer leurs obligations et assumer au quotidien la nécessité de protection de ces personnes. L’État est largement défaillant pour ce qui est du respect des droits de l’homme. » A.TH.
La délégation de parlementaires Verts était composée de Hélène Flautre (députée européenne, France), Jean Lambert (députée européenne britannique), Bart Staes (député européen belge), Malika Benarab-Attou (députée européenne française), Marie Blandin (sénatrice française), Zoé Genot (députée fédérale belge), Catherine Bourgeois (conseillère régionale française).