Vins interdits : désobéissance civique au Parlement Européen
« Nous recevions aujourd’hui, avec Eric Andrieu, mon confère lui aussi élu du Sud-Ouest, les producteurs de vin du Sud de la France (Ardèche, Gard, Lozère), du nord de l’Italie et de l’Autriche de la France qui se battent pour la reconnaissance de cépages interdits depuis près de 80 ans.
Au milieu des années 1930, la France est ensevelie sous les hectolitres de vin rouge. Les plaines du sud de la France et les grands domaines d’Algérie produisent du vin de piètre qualité et les marchés s’effondrent. Les prix tombent en dessous des coûts de production. La colère gronde. Une des premières mesures proposée pour écouler les stocks est de doubler la ration de rouge des militaires. Malgré toute leur bonne volonté les soldats ne parviennent pas à faire remonter les prix.
Dans la précipitation, le gouvernement de l’époque cherche d’autres solutions. En décembre 1934, il décide d’interdire la vente le transport et la plantation de vins issus de six cépages : Clinton, Nhoah, Othello, Isabelle et Jacquez Herbemont essentiellement utilisés par les petits paysans, et les petits producteurs dans les zones de montagne. Deux motifs sont mis en avant: d’une part, ils rendraient fous et d’autre part ils sont foxés (adjectif étrange, créé pour la circonstance qui vient de l’anglais fox (renard), et qui sous-entendait que ces vins avaient un gout de pisse de renard). La ficelle est grossière mais elle fonctionne. Les gros producteurs installés en Algérie et dans les plaines du Roussillon se frottent les mains. La concurrence des petits paysans est laminée.
Ces cépages accusés n’ont heureusement pas été totalement éradiqués. Certains paysans européens ont fait de la résistance et ont continué à produire des vins que nous avons fait goûter au Parlement européen. Et les dégustant, les députés européens ont fait une action de désobéissance civile. Nous demandons maintenant à la France et à l’Europe de lever cette interdiction absurde et sans fondement.«