Wolfgang Schäuble : « La décentralisation est une stratégie plus adaptée »
Le dirigeant allemand exprime dans cet interview son sentiment sur l’avenir de l’Europe. « Que l’Europe continue d’avancer ! » s’exclame-t-il en insistant : « nous avons besoin d’une Europe forte, capable d’agir sur la scène mondiale ». En effet, dans le monde qui se prépare, seule des économies de « taille continentale » ont un avenir, et l’Allemagne seule ne répond pas à ce critère. Il lui faut donc préserver la construction européenne face à la crise actuelle.
Wolfgang Schäuble préconise « d’aller jusqu’à la modification des traités (…) pour montrer aux investisseurs du monde entier que la monnaie européenne est stable ». Il évoque l’élection du Président de la Commission au suffrage universel – « ce serait une vraie révolution, si nous élisons un Président de Commission au cours d’une campagne électorale, l’Europe ne sera plus, après cela, la même Europe »-, et il propose de « donner des pouvoirs supplémentaires à l’Europe ou à la zone euro ».
Ce plaidoyer pro-européen intervient à l’heure où le Nord de l’Europe semble basculer vers l’euroscepticisme, ou, à tout le moins, vers une vision rétrécie de l’Europe. Wolfgang Schäuble veut donc rassurer et son propos annonce une démarche politique engagée de l’Allemagne pour assurer l’avenir de l’Union Européenne, que, face à la crise économique actuelle, elle la seule à pouvoir garantir. Mais cela n’ira pas sans réformes, de l’Europe en général, et de chaque Etat en particulier.
En effet, cette interview à la presse française est aussi pour Wolfgang Schäuble l’occasion de donner son sentiment sur la structure de l’Etat en France : « Je ne crois pas qu’un ministre allemand des finances ait des conseils à donner aux Français. Chaque pays a ses problèmes et ses points forts. Un des avantages de l’Allemagne est sa décentralisation. (…) La France en revanche a, pendant des siècles, misé sur la centralisation et l’identité nationale. Mais je pense que de nos jours, la décentralisation est une stratégie plus adaptée (…) ».
Puisse les paroles de Wolfgang Schäuble réveiller enfin le débat politique en France. En cinq années de mandat, Nicolas Sarkozy n’a opéré qu’une nouvelle concentration des pouvoirs à Paris, et, dans les programmes de François Hollande, une nécessaire « nouvelle phase de décentralisation » y est évoquée mais elle ne fait l’objet ni du moindre engagement, ni de la moindre proposition.
Mais il est permis d’espérer car, dans l’état actuel des choses, les esprits visionnaires allemands ont beaucoup plus de chances de peser sur l’avenir que les esprits conservateurs français. Quoique … leur orgueil est incommensurable !
François ALFONSI