Immigration: conseil extraordinaire: sauver la face au lieu de sauver des vies
Pour Philippe Lamberts, Président du groupe Verts-ALE :
» La situation est accablante. Un sommet des leaders européens pour déclarer que la « situation en Méditerranée est une tragédie » et appeler au renforcement de la lutte contre les passeurs avec une belle photo de famille en prime, c’est sans doute ça de gagné pour donner l’impression qu’on prend les choses en main.
Si au moins la fonction de ce sommet était de revoir radicalement les orientations en matière d’immigration. Mais ce n’est pas du tout le cas. Ce Conseil hautement médiatique est cruellement futile.
Car de deux choses l’une. Soit les États européens n’ont pas l’intention d’agir ensemble et n’ont que faire de l’Europe. Dans ce cas, chacun décide de s’organiser pour aller sauver des vies en mer et prévoit, avec son parlement, les fonds nécessaires. Soit ils veulent intervenir au niveau européen et mobilisent le budget communautaire pour répondre à l’urgence humanitaire. C’est alors à la Commission Juncker de faire une proposition de modification du budget adopté pour 2015 qui peut être rapidement approuvée par le Parlement européen et les États. S’il s’agit d’argent frais, la Commission répartira les contributions par pays. S’il s’agit de fonds engagés, il faudra les allouer différemment pour répondre à la crise.
Au-delà de la stratégie européenne sur l’immigration à moyen et long termes, l’organisation rapide d’opérations de sauvetage des migrants, fuyant pour la plupart une situation de guerre, est revendiquée y compris par les grands groupes du Parlement. Mais manifestement, leur message n’est pas passé chez les commissaires, ministres et chefs d’État de leurs partis respectifs réunis aujourd’hui à Bruxelles.
Ces derniers semblent préférer détruire les bateaux avant qu’ils ne quittent les côtes, se focaliser sur les passeurs s’enrichissant sans scrupule ou encore veiller à la surveillance et à l’étanchéité de nos frontières.
L’Europe, un continent en pointe sur les valeurs paraît-il … »
« Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »
Article 3, Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948