Agir pour le droit d’asile, le parcours de Khatira

En novembre 2021, la situation de Khatira et de sa famille – réfugiée en France – est médiatisée via le média Brut. Khatira est une jeune Afghane de 14 ans. Elle  raconte leur parcours cauchemardesque : d’abord la fuite de l’Afghanistan sous la menace, un mariage forcé auquel est destinée Khatira, l’arrivée en France et le refus d’asile puis, enfin, le risque imminent de l’expulsion que toute la famille encourt. La médiatisation, réfléchie par l’avocate de la famille, à bout de moyens, a pour objectif de créer un électrochoc dans l’opinion et de faire bouger les choses. 

 

Touché par ce témoignage, j’ai contacté l’avocate pour venir en aide à cette famille. S’en sont suivis des courriers en Préfecture puis à l’OFPRA, des échanges réguliers avec l’avocate. 

 

Dans le cadre de l’Afghan Womens Days en février 2022, en présence des femmes afghanes finalistes du prix Sakharov, Khatira a été invitée officiellement au Parlement européen, afin que sa situation, mais aussi celle de toutes les femmes afghanes qui tentent aujourd’hui – parfois même après avoir été rapatriées par la France – d’obtenir l’asile. Pour le symbole – et pour le dossier de Khatira, bien sûr aussi, j’ai procédé à un parrainage républicain de cette jeune fille. Cette action est importante, et j’invite chacun.e à procéder à de tels parrainages, que ce soit avec RESF, avec des avocats, avec des associations de défense des droits des réfugié.e.s. Nous en connaissons toutes et tous, et ce type de parrainage, malheureusement, est un outil qui fait la différence, tant que les droits des étrangers sont bafoués. Cette action symbolique pour Khatira m’a permis d’afficher publiquement un contre récit de ce que la France fait en matière d’asile : des discours et pas d’actes. 

 

Même en août 2021, avec la reprise du pouvoir par les talibans en Afghanistan, entraînant une régression sans pareil pour le droit des femmes et une famine frappant l’ensemble du pays, le regard des autorités françaises n’a pas sensiblement évolué et des familles sont toujours menacées d’expulsion. 

 

Aujourd’hui – et c’est une excellente nouvelle – Khatira et sa famille ont finalement obtenu l’asile, après des années d’allers retours administratifs, après nombre d’absurdité dans les dossiers, dont une OQTF… mais combien d’autres sont menacées de rentrer ? 

 

Mounir Satouri