Urgence en RDC : L’UE doit agir face à l’agression du M23 et du Rwanda

21 février 2025

La situation en République démocratique du Congo (RDC) est dramatique. Après la chute de Goma, capitale du Nord-Kivu, il y a quelques semaines, le groupe armé M23, soutenu par l’armée rwandaise, contrôle désormais Bukavu, la capitale du Sud-Kivu. Cette avancée territoriale fait peser une menace encore plus grande sur la stabilité du pays et sur la sécurité de millions de civils.

Goma : Une tragédie humaine insoutenable

À Goma, les horreurs se sont multipliées. Plus de 3 000 personnes ont été massacrées, tandis que des milliers de blessés affluent dans des hôpitaux saturés et démunis. Les violences sexuelles ont atteint un niveau insoutenable. Lorsque les rebelles du M23 ont attaqué la prison de Goma, plus de 160 femmes détenues ont été violées, avant d’être brûlées vives dans l’incendie de la prison. Ces crimes d’une cruauté absolue révèlent l’ampleur du cauchemar que vivent les habitants de l’est de la RDC.

La ville souffre d’une pénurie alarmante de vivres et de médicaments. La communauté humanitaire peine à apporter une aide efficace face à l’effondrement des infrastructures et aux exactions perpétrées par les assaillants.

Bukavu tombe à son tour, sans résistance

Contrairement à Goma, Bukavu est tombée aux mains du M23 sans réels combats. Pourtant, les atrocités n’en sont pas moindres. Des exécutions sommaires, y compris d’enfants, de nombreux viols et des attaques contre les hôpitaux et les entrepôts humanitaires témoignent de la brutalité sans limites de cette offensive dans une région qui était déjà extrêmement instable.

Le rôle du Rwanda : une implication criminelle documentée

Le M23 n’est pas le seul facteur d’instabilité en RDC – plus d’une centaine de groupes armés opèrent dans le pays – mais il est le plus puissant, grâce au soutien militaire et logistique du Rwanda. Les experts de l’ONU sont catégoriques : Kigali est directement responsable des crimes commis par le M23.

Environ 3 000 à 4 000 soldats rwandais opèrent sur le sol congolais, un effectif presque équivalent à celui des rebelles du M23. Cette guerre est également une opportunité économique pour le Rwanda : en pillant les ressources minières de la RDC, notamment le coltan, Kigali s’est hissé au rang de premier exportateur mondial de ce minerai stratégique, essentiel aux technologies numériques. Ces « minerais de sang » alimentent une économie criminelle au détriment du peuple congolais.

Une menace qui s’étend : vers une marche sur Kinshasa ?

L’Alliance Fleuve Congo, dont le M23 est un acteur clé, a affiché son ambition de poursuivre sa progression jusqu’à Kinshasa. Le Rwanda et son proxy M23 ont un réel objectif de conquête territoriale. Le dernier rapport d’experts de l’ONU sur la RDC alertait déjà sur ces ambitions. Le M23, avec l’appui des troupes rwandaises continue d’ailleurs son avancée dans le Sud-Kivu.

Une réponse européenne encore insuffisante

Face à cette tragédie, le Parlement européen a adopté une résolution d’urgence condamnant l’offensive du M23 et le soutien avéré du Rwanda. Ce texte appelle notamment à la fin du protocole d’accord entre l’UE et le Rwanda sur l’approvisionnement en matières premières stratégiques.

Les Verts ont défendu un amendement visant à instaurer un embargo sur les minerais prétendument « rwandais », afin d’empêcher la commercialisation de minerais pillés en RDC au prix de crimes contre l’humanité. Cet amendement a malheureusement été rejeté, mais nous ne baissons pas les bras. Nous lançons une pétition, que je vous invite à signer, pour exiger l’instauration d’un embargo sur ces minerais du sang.

Qui a voté pour l'embargo sur les minerais étiquetés rwandais ?

Le temps d’agir : des sanctions immédiates contre Kigali

Le 24 février prochain, lors du Conseil des affaires étrangères de l’UE à Bruxelles, les 27 ministres devront aborder la situation en RDC. Nous les appelons à prendre des mesures fermes contre le régime de Paul Kagame :

  • Un embargo total sur les minerais en provenance du Rwanda

  • Un embargo sur le matériel militaire

  • La fin du protocole d’accord entre l’UE et le Rwanda

  • Des sanctions ciblées contre les responsables des crimes commis en RDC

L’Europe ne peut plus détourner le regard. La passivité n’est plus une option face à ces crimes de guerre et à cette agression déguisée contre la RDC. Nous devons agir maintenant pour mettre fin à cette tragédie et protéger les millions de vies en danger.

 

Mounir Satouri

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