Avec sa “pause réglementaire européenne”, Emmanuel Macron a déclenché une véritable guerre contre la nature
Il est des dynamiques qu’on lance et qu’on ne sait arrêter. En déclarant la nécessité d’une « pause réglementaire environnementale européenne », supposément afin d’alléger les charges administratives des entreprises, Emmanuel Macron a ouvert la voie à une véritable guerre à la nature.
Le Parti populaire européen (PPE) avait déjà appelé, lors de son récent congrès, à un moratoire sur le Pacte vert, s’attaquant ainsi au programme de travail de la Présidente de la Commission européenne pourtant issue de leurs rangs. Mais sans les libéraux, l’agenda anti-Pacte vert des droites dures et droites extrêmes ne pouvait l’emporter…
Or, la France s’est démarquée ces derniers jours par son opposition à l’adoption de la directive sur les énergies renouvelables, à la norme Euro7 visant à lutter contre la pollution de l’air, ainsi que, par la voix du Commissaire Breton, à la réforme du règlement relatif aux produits chimiques (le règlement REACH). L’offensive d’Emmanuel Macron contre ces textes est d’autant plus grave que la France compte littéralement ses morts du fait de la prolifération des produits toxiques : de la jeune Shiloh Diakité, morte à 13 ans d’un cancer du sein non expliqué ; à la vallée de la chimie dans le sud de Lyon, où sont recensés nombre d’hyperthyroïdie et de cancers dans une vallée intoxiquée aux alkyls perfluorés et polyfluorés (PFAS) ; aux familles qui ne peuvent plus manger les légumes de leurs jardins ou les œufs de leurs poules du fait de la pollution de leurs terrains. En fermant le couvercle des toxiques, Macron a ouvert la boite de Pandore et déclenché une guerre sans relâche contre la nature.
Car l’appel d’Emmanuel Macron résonne comme un appel aux armes : contre la nature. Les mots sont normatifs. Ils provoquent des réactions politiques. Ainsi que celle du Premier ministre libéral belge De Croo, qui, répondant à Emmanuel Macron, a appelé à tuer Euro7, REACH mais aussi la loi sur la restauration de la nature. Dès le lendemain, les parlementaires européens libéraux ont joint leurs voix à celles des droites dures et extrêmes pour rejeter le texte sur la restauration de la nature dans les commissions de l’Agriculture et du développement durable et de la Pêche.
La Commission, elle-même, semble baisser les bras : alors que le texte sur le devoir de vigilance est d’ores et déjà mis en danger par l’alliance renouvelée des droites autour de la guerre contre le vivant, celui sur la gouvernance des entreprises semble devoir être vidé de sa substance climatique du fait des « charges administratives » (encore elles !) que l’obligation de transparence ferait peser sur elles.
La guerre est donc déclenchée. Elle illustre la nouvelle configuration de l’échiquier européen. Les élections européennes de 2024 doivent être l’occasion de renverser cet échiquier tragique et sauver enfin la nature et les générations futures.
Les commentaires sont fermés.