Qu’attendre de Biden pour la sécurité européenne?
Un nouveau président américain, un nouveau dialogue transatlantique sur la sécurité internationale et la défense? En sous-commission Sécurité et défense du Parlement européen, les députés ont débattu du sujet. Pour Mounir Satouri, l’élection de Joe Biden nous permet d’espérer que les Etats-Unis cesseront la tendance au repli impulsée sous l’ère Trump. Mais nous ne devrions pas nous méprendre : l’Europe n’est pas au centre de l’attention à Washington.
Une sécurité européenne qui reste loin des priorités du président américain
Pour Mounir Satouri « nous devons être clairs sur ce constat ». Et donc continuer à progresser dans une sécurité avant tout européenne. Le développement de la Boussole stratégique européenne, la réduction de la fragmentation et de la duplication des capacités militaires en Europe, la mobilité militaire sont des voix de progrès évidentes que nous devons suivre.
Renforcer notre intégration en Europe en matière de sécurité et de défense ne signifie pas mettre nos alliés américains à la porte. Bien sûr – cela nuirait à nos intérêts et aux leurs. Il est inutile de dupliquer les investissements massifs déjà entrepris par l’OTAN, comme le système de défense balistique.
Mounir Satouri : « Je me félicite que ce Parlement, à l’impulsion des Verts, ait reconnu l’inutilité d’un tel investissement la semaine dernière. Les milliards sont – on le sait plus que jamais – mieux placés ailleurs, que dans les équipements militaires, dans nos systèmes de santé ou dans la transition écologique par exemple ».
Raviver ensemble le contrôle des armements et désarmement nucléaire
Le départ de Trump nous permet d’envisager un meilleur dialogue avec nos alliés américains. L’Europe en a besoin, notamment concernant la menace nucléaire. La même semaine que l’entrée en vigueur de l’interdiction des armes nucléaires, le président Biden a proposé la prolongation de New Start, un engagement très attendu pour la sécurité européenne et la sécurité mondiale.
Mais pour Mounir Satouri, « le contrôle des armements ne peut pas être simplement renouvelé, il doit être approfondi, sans quoi l’insécurité nucléaire va encore croître, et sans quoi l’élimination des armes nucléaires ne pourra être réalisée ». Avec l’effondrement de plusieurs traités, dont le Traité ciel ouvert et le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, une nouvelle impulsion pour le contrôle des armements est impératif et il incombe à l’administration Biden et ses alliés de le réaliser.
Les Européens devront convaincre les Américains d’accroître ce contrôle, en s’attaquant aussi à des questions gênantes pour les Etats-Unis, comme la militarisation de l’espace et la limitation des systèmes de défenses balistiques. Pour Mounir Satouri « il en va de notre sécurité européenne, et nous sommes en droit de demander à nos alliés de s’en soucier ».
Prévenir ensemble les impacts sur la stabilité internationale du changement climatique
Bruxelles a aussi besoin que Washington s’engagent davantage dans la réflexion sur l’impact qu’a le changement climatique sur la sécurité et la stabilité internationale. Pour Mounir Satouri : « ce dialogue, toutefois, nécessitera une plus grande attention pour ce sujet de la part des Européens eux-mêmes ».
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