Billet d’humeur: À bas les pauvres!

4 avril 2024

La réforme de l’assurance chômage est une nouvelle manifestation de la violence de classe choisie par Emmanuel Macron.

Un acharnement anti-pauvres : je ne trouve pas d’autres mots pour décrire la nouvelle réforme de l’assurance chômage, annoncée par Gabriel Attal le 27 mars.
Comment comprendre le choix de trois réformes réduisant les droits des chômeurs depuis 2019 ? La précédente salve avait réduit la durée d’indemnisation de 24 à 18 mois : Attal évoque désormais une durée de 12 mois ! Officiellement, cette réforme est censée réduire le chômage en incitant les demandeurs d’emplois à reprendre une activité plus rapidement. Cette explication ne convainc personne, pas même les macronistes, dont une partie refuse frontalement la démarche du gouvernement. Les syndicats, censés négocier la réforme avec le patronat, sont vent debout. Nous les comprenons et nous les soutenons.

La vérité est que le gouvernement cherche à faire des économies sur le dos des chômeurs alors que des déficits se creusent.  Emmanuel Macron a dépensé des dizaines de milliards d’euros sans cibler les aides au moment du Covid et de la crise énergétique. Bilan : le déficit n’a jamais été aussi haut, à 5,5 % du PIB. Ancien banquier d’affaires, Mr Macron se révèle piètre gestionnaire. Il est désormais aux abois, craignant la sanction des agences de notation et de la Commission européenne. Une fois de plus, il choisit un bouc émissaire facile : le chômeur, présenté comme un profiteur et un tire-au-flanc. Ne nous y trompons pas: ce choix est aussi un calcul politique : il s’agit de flatter un certain électorat de droite qui exècre ceux qu’il présente comme des “assistés”. Le Président, garant de l’unité de la nation, renforce les fractures françaises par sa démagogie.

Lors de ses annonces, Gabriel Attal a conforté les dogmes du macronisme : pas de hausse d’impôts et pas de hausse de la taxation des entreprises. Si les classes moyennes, qui ont perdu du pouvoir d’achat depuis des années, n’ont effectivement aucune raison de payer l’addition, comment justifier la protection de ceux dont la fortune explose ? Rappelons que la richesse des milliardaires français a été multipliée par huit depuis une quinzaine d’années. Rappelons qu’en 2023, les sociétés du Cac 40 ont généré des profits records de plus de 145 milliards d’euros et versé 67 milliards à leurs actionnaires. Malgré ce contexte, les impôts pour les plus riches ou pour les entreprises ne devraient pas augmenter, ou de façon très marginale. Bruno Le Maire a maintes fois répété son credo : la réduction des déficits passera par la seule diminution des dépenses publiques – comme si l’école, l’hôpital, la police, la justice n’avaient pas suffisamment trinqué. 

La répartition des 10 milliards d’euros de coupes budgétaires annoncées par Bercy révèle les choix du gouvernement avec une parfaite clarté. Ainsi, l’Écologie est le premier ministère touché avec 2 milliards d’euros de coupes budgétaires. Le ministère du Travail subira une coupe de 1 milliards. Puis viennent le ministère de la Recherche – Enseignement supérieur avec 900 millions. Enfin l’Education nationale avec 700 millions. Notons que cet ensemble, qui représente 40 % des coupes budgétaires, repose uniquement sur des dépenses structurant le futur de notre pays. Était-il plus pertinent de revaloriser les pensions de retraite pour un coût de 14 milliards d’euros comme vient de le faire le gouvernement ? Si les petites pensions méritaient clairement un coup de pouce, il aurait été juste de mettre à contribution les retraités les plus aisés. Mais pas touche au grisbi : Macron a le souci de choyer ses électeurs les plus fidèles. 

Mauvais pour la gestion des comptes publics, profondément injuste, incapable de définir une stratégie d’investissement tournée vers l’avenir – qu’il s’agisse de la transition écologique ou la formation de notre jeunesse – le macronisme se révèle comme un naufrage à peu près total. Son conservatisme et sa stratégie d’attaque de boucs émissaires sont des poisons pour notre démocratie.

( caricature-Crédits:ARA-France-Soir)

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