Caroline Roose sur le thon rouge
« Il y a quelques années, le thon rouge était devenu le symbole des dérives de la surpêche et de la pêche industrielle.
Près de 80% des thons rouges de l’Atlantique et de la Méditerranée avaient disparu et l’espèce était menacée d’extinction.
Aujourd’hui, la situation a changé, les populations de thon rouge sont dans un bien meilleur état. Tout n’est pas encore gagné, il faut rester vigilant·e·s, mais le thon rouge est en train de devenir le symbole du succès des mesures de sauvegardes.
Des baisses significatives de l’effort de pêche peuvent permettre la reconstitution des populations de poisson.
Rendons hommage ici au travail des ONG et des scientifiques qui ont mené un travail d’alerte et de campagne immense. C’est grâce à eux, qu’aujourd’hui, le thon rouge n’a pas disparu.
Mais, dans le même temps, le thon rouge est devenu, aussi, le symbole d’une injustice. L’injustice entre la pêche industrielle et la petite pêche artisanale.
Alors que les quotas de thon rouge augmentent, les petits pêcheurs ne sont pas ceux qui bénéficient de cette augmentation : ce sont les navires thoniers senneurs. Ceux-là même qui, il y a quelques années, ont détruit les populations de thon rouge.
En France, la petite pêche n’a que 12% du quota. En Italie, c’est 3%. Au Portugal, 13%.
Cette situation est-elle acceptable ?
Je le dis clairement. Non.
Et je me réjouis que la majorité du Parlement européen ait été de cet avis.
Est-il normal qu’un pêcheur qui pêche l’espadon à la palangre, et qui pêchera nécessairement des thons rouges, n’ait droit qu’à un quota de 5 thons pour les prises accessoires, quand les thoniers senneurs ont droit à des milliers de tonnes ?
Les États membres doivent s’engager pour plus de justice.
Nous avons porté, lors de la négociation avec le Conseil, une répartition plus juste des quotas de pêche.
Nous avions trouvé un accord, mais plusieurs États, dont la France, ont fait en sorte que cet accord soit rejeté par le Conseil.
Avec ce vote cette semaine, le Parlement européen réaffirme sa position.
Nous sommes prêt·e·s à revenir à la table des discussions.
Pour notre groupe, un accord devra passer par un engagement des États en faveur d’une distribution plus juste des quotas de thon rouge.
Merci. »
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