COP26 : les pays vulnérables abandonnés face à l’injustice climatique
La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques s’est tenue à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre 2021. En cette journée mondiale du climat, je reviens pour vous sur le résultats des négociations, notamment pour les pays en développement.
L’accord trouvé est malheureusement un accord au rabais. D’une part, les engagements pris ne permettront pas de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, comme le recommandent les scientifiques du GIEC ni même à 2°C. D’autre part, les pays riches ont été réticents à accorder un soutien financier suffisant aux pays aux développement, alors que la finance climat était l’une des grandes conditions de réussite de cette COP.
Nous sommes dans une situation d’injustice climatique. Les pays qui ont le plus contribué historiquement au changement climatique (pays européens, États Unis, Japon…) ne sont pas ceux qui en subiront le plus les conséquences. Ce sont les pays en développement, qui ne sont pas responsables du changement climatique, qui sont déjà les plus durement touchés par les sécheresses, les inondations, la montée des eaux et l’acidification des océans. Ils demandent donc à ce qu’on les aide à s’adapter aux conséquences du changement climatique et à compenser les dégâts causés par les catastrophes naturelles désormais inévitables. C’est légitime.
En 2009, les pays développés s’étaient pourtant engagés à fournir dès 2020, 100 milliards de dollars par an aux pays du Sud pour aider ces derniers à financer la lutte contre le changement climatique. Plus de 10 ans plus tard, cet engagement n’a pas été respecté. Il faudra, selon les estimations, attendre 2023 pour voir cet engagement respecté ! Nous ne pouvons plus attendre.
Pire, l’accord adopté à Glasgow le mois dernier n’inclut pas d’objectif post-2025 en matière de financement climat pour les pays en développement, ainsi qu’un objectif chiffré pour financer les mesures d’adaptation ce qui laisse court à l’incertitude pour ces pays. Enfin, l’accord de prévoit pas de financement additionnel pour “les pertes et préjudices” – dédiés aux catastrophes désormais inévitables qui frapperont durement ces pays -, bloqué notamment la France.
C’est pourtant la France qui organisait la COP21 6 ans plus tôt et qu’Emmanuel Macron tente d’ériger comme le pays champion de la lutte climatique sur la scène internationale.
Comment dès lors demander légitimement aux Pays les Moins Avancés (PMA) et les Petits Etats insulaires en développement, de faire leur part dans la lutte climatique, si les pays historiquement les plus pollueurs détournent les yeux lorsqu’il s’agit de les aider à agir ?
En tant qu’écologistes, attachés au principe de justice climatique, nous voulions que tous les aspects cités précédemment soient inclus dans l’accord et que la majorité de ces aides prenne la forme de subventions plutôt que de prêts (qui creusent la dette publique notamment du continent africain…)
C’est capital pour emmener tout le monde à bord dans la lutte contre le réchauffement climatique et protéger les plus vulnérables.
Madagascar : un cas concret
Madgascar, située dans l’Océan Indien, connaît actuellement la première famine liée aux effets du changement climatique reconnue par l’ONU. Le sud du pays connaît une sécheresse inédite depuis 40 ans avec 30 000 personnes qui souffrent désormais de la famine et 1,3 million d’habitants souffrent de malnutrition aiguë.
C’est à la fois l’un des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique et l’un des pays avec le PIB par habitant le plus faible au monde.
Photo : Drought in the southern part of Madagascar (2020), © NASA Earth Observatory
Que peut faire l’UE ?
L’UE doit montrer l’exemple en augmentant ses financements pour l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement, et en réduisant très fortement ses émissions de gaz à effet de serre.
Dans le cadre du paquet “Fit for 55”, l’UE va revoir tout un ensemble de législations pour les rendre compatibles avec son engagement de réduire ses émissions de 55% d’ici 2030.
Cela inclut notamment le mécanisme carbone au frontière. Cette taxe carbone aux frontières consiste à imposer un prix du carbone des produits fabriqués par des entreprises hors de l’Union européenne et qui y sont ensuite importés. Une fois mise en place, elle devrait rapporter des recettes nouvelle à l’Union européenne.
Une partie des recettes de ce mécanisme pourraient être utilisées pour accroître l’offre de financement climatique aux Pays les Moins Avancés et aux Petits États insulaires en développement, en particulier pour l’adaptation, mais aussi pour réduire l’intensité de carbone de leurs produits exportés et vendus sur le marché intérieur de l’UE.
Caroline Roose a été cheffe de file pour le groupe des Verts de l’avis sur la COP 26 de la Commission du développement du Parlement européen.
Photo de couverture : © Drought in a Lake, Sreyasvalsan,
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