
Coupes budgétaires à l’Agence Bio : l’Europe alerte, la France sabote
Mardi 20 mai, le ministère de l’Agriculture annonçait une coupe brutale de 15 millions d’euros dans le budget de l’Agence Bio, amputant ses moyens de communication et divisant par deux le Fonds Avenir Bio. Cette décision unilatérale, injustifiée et dangereuse intervient à rebours total des constats établis par la Cour des comptes européenne dans son rapport spécial 19/2024 publié en septembre dernier.
Ce rapport d’audit dénonce sans ambiguïté l’insuffisance de la structuration des filières biologiques dans l’Union européenne, le manque de données fiables, et l’absence d’outils efficaces pour accompagner les producteurs bio. Il alerte également sur le retard des États membres pour atteindre les objectifs fixés au niveau de l’Union : 25 % de surfaces agricoles en bio d’ici 2030.
Déjà, en janvier, Mme Annie Genevard trouvait « pertinent » un amendement sénatorial au projet de loi de finances visant à supprimer l’Agence Bio. Aujourd’hui, en réduisant les moyens de celle-ci, la France s’entête à prendre le contrepied des recommandations européennes. L’Agence est pourtant la seule structure nationale dédiée à la structuration de la filière biologique, à la collecte de données, au pilotage du Fonds Avenir Bio, et à la promotion des produits bio auprès des consommateurs. Elle est exactement l’outil que la Cour des comptes appelle de ses vœux à l’échelle européenne.
Nous sommes donc face à un non-sens politique : comment la France peut-elle prétendre défendre ses engagements européens en détruisant les moyens d’y parvenir ? Ce choix est d’autant plus incompréhensible que les bénéfices environnementaux et sanitaires de l’agriculture biologique sont désormais bien établis – réduction des pesticides, protection de la biodiversité, santé des sols, qualité de l’eau – et permettent des économies publiques à long terme.
En tant que député européen, je le dis avec gravité : saboter l’Agence Bio, c’est saboter les engagements climatiques et agricoles de la France et de l’Europe. C’est envoyer un signal catastrophique aux 60 000 fermes engagées en bio, aux jeunes qui veulent s’installer, et à tous ceux qui espèrent une agriculture plus juste et plus durable.
Je demande solennellement au gouvernement français de revenir sur cette décision et de mettre en cohérence sa politique nationale avec ses engagements européens. Il est temps d’écouter les institutions européennes quand elles défendent le bien commun, et de donner enfin aux alternatives agricoles les moyens de réussir.
Plus d’infos :
David Cormand est député européen (Verts/ALE) depuis 2019. Il est membre de la commission Agriculture et développement rural depuis sa réélection en 2024.
Contact presse : noe.hautbois@europarl.europa.eu
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