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David Cormand sur le programme d’action à l’horizon 2030 pour la décennie numérique

30 novembre 2022

Le 24 novembre, David Cormand est intervenu sur le programme d’action à l’horizon 2030 pour la décennie numérique.
Son intervention ⬇️

« Il y a un angle mort dans ce texte, pour moi, c’est la question durable et c’est la question verte. La décennie numérique nous emmène à 2030. On a des objectifs climatiques d’ici 2030. Et dans ce texte, il n’y a rien qui encadre ce que nous décidons de mettre en œuvre comme infrastructures pour pouvoir remplir ces objectifs.
Quand on parle du développement du numérique, il y a une question qu’on ne se pose pas. Pourtant, quand on veut faire des critères sociaux, des critères environnementaux, on fait des études d’impact, ici, pour le numérique, les études d’impact, elles, sont facultatives.
La question du numérique, c’est une question d’infrastructures. Ces infrastructures,
elles entraînent des usages. Toute stratégie cohérente pour une puissance économique comme la nôtre devrait être conditionnée par quels sont les véritables besoins. On décrète dans ce texte qu’il faudrait que 90 % des PME soient intensives en numérique. Pourquoi ? D’où sort ce chiffre ? Pourquoi on n’a pas une analyse plus sobre, plus résiliente de la conception du numérique ? Je veux dire que dans le monde dans lequel nous sommes, l’Union européenne doit être une puissance politique de stratégie et de stabilisation.
Aujourd’hui, il y a deux modèles numériques dominants dans le monde. Celui de la Chine, on ne veut, évidemment, pas y ressembler, et celui des GAFAM américains. Et je pense que nous ne devons pas non plus leur ressembler.
Quel est l’alter modèle européen en la matière ? Depuis le début, on nous dit que le numérique est, naturellement, l’allié de la transition écologique.
Toutes les études, toutes les études qui existent sur l’impact écologique du numérique démontrent précisément le contraire.
Donc, moi, je souhaite que nous fassions preuve de lucidité par rapport à ce domaine. Toute technologie n’est pas bonne, forcément, en soi. C’est le pouvoir politique qui décide de faire en sorte qu’une innovation technologique est au service du bien commun. Je souhaite que dans les semaines, dans les mois et dans les années qui viennent, notre institution veille à ce que ce soit le cas pour le numérique. »

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