Dieselgate : l’inaction coupable des dirigeants européens

15 septembre 2017

À la veille du deuxième anniversaire du scandale, le groupe Verts/ALE a fait inscrire le sujet à l’ordre du jour des débats de sa réunion plénière. Nous alertons sur l’ampleur du scandale sanitaire et la passivité des pouvoirs publics.

Jusqu’ici le bilan est plus que sombre : on sait maintenant que Volkswagen n’était qu’un arbre cachant la forêt. Quasiment tous les grands constructeurs européens sont concernés ou soupçonnés d’avoir fraudé sur les émissions réelles de leurs moteurs diesel. Un scandale sanitaire, aux conséquences désastreuses sur les conditions de vie des citoyen-ne-s européen-ne-s. La (mauvaise) qualité de l’air, responsable de centaines de milliers de morts prématurées chaque année dans l’Union européenne, est pourtant sensée être une préoccupation environnementale prioritaire. Pire, il est désormais avéré que certains fabricants de véhicules se sont constitués en cartel afin de ne pas se conformer à la loi, perpétuant ce système mortifère.
 
On est très loin de ce que préconisait le rapport d’enquête du Parlement européen qui demandait notamment aux États membres d’appliquer les sanctions existantes en cas de non-conformité, voire d’imposer la mise en place de programmes de rappel obligatoires et le retrait des approbations.
 
Karima DELLI, Vice-Présidente de la Commission d’enquête EMIS et Présidente de la Commission des transports du PE déclare : « nous réclamons une surveillance du marché automobile au niveau européen. Avoir des normes élevées de protection ne suffit pas. Encore faut-il se donner les moyens de contrôler leur application et de punir les infractions.
On peut également se demander si les autorités des États membres ne cherchent pas à légaliser de facto les flottes de véhicules diesel existantes qui, conformément au règlement de 2007 sont normalement hors-la-loi, laissant en circulation des millions de voitures explosant les seuils autorisés. »

Pascal DURAND, Vice-Président du groupe Verts/ALE suivant la réforme de l’homologation des véhicules en Europe, ajoute : « Le scandale du Dieselgate a dévoilé les nombreuses défaillances de l’homologation des véhicules en Europe et les collusions d’intérêts qui ont prévalu sur la santé des citoyens en Europe. Il est urgent de mettre un terme à ce jeu de dupes et mettre en place des mesures concrètes pour encadrer l’homologation des véhicules, prévenir les fraudes et s’assurer que les constructeurs ne pourront désormais plus tricher sans en payer les conséquences, notamment auprès des consommateurs. La Commission et le Parlement avancent sur ce sujet mais les résistances sont énormes et témoignent de la difficulté pour les Etats membres de comprendre que l’avenir de leur industrie automobile ne pourra être assuré que s’ils prennent le tournant de la mobilité propre. »

À l’heure où de nombreux pays, y compris la Chine se détournent du diesel et de l’essence, ne pas agir est suicidaire. Le scandale du dieselgate doit absolument être l’occasion d’un nouveau départ vers une politique de mobilité durable basée sur des technologies adaptées. Il s’agit de l’unique avenir possible pour une industrie automobile européenne pérenne et la sauvegarde des emplois du secteur. 


Intervention de Karima Delli en session plénière à Strasbourg le 13 septembre 2017 lors d’un débat à l’occasion des deux ans du dieselgate

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