
Discours sur l’état de l’Union
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a tenu ce mercredi 10 septembre son discours sur l’état de l’Union, l’occasion pour elle d’annoncer les grandes lignes de son travail politique pour les prochains mois. Sans surprise, elle a tenu un discours décevant, semblant ne pas prendre la mesure de l’urgence climatique et sociale.
Après un an de mandat, ou plutôt six (depuis son premier mandat débuté en 2019), j’attendais de sa part des actions, pas des plans et stratégies aux noms qui claquent. Son discours illustre le déséquilibre flagrant entre ce qui est en train de devenir une «Europe de la guerre», sans idée pour en sortir, et une Commission qui n’est pas à la hauteur de la crise climatique et de la fracture sociale.
Le démantèlement du Pacte vert se poursuit
Du côté de la politique climatique, on constate que le démantèlement du Pacte vert va se poursuivre. Ursula von der Leyen réaffirme maintenir l’objectif climat pour 2040. Mais cette promesse est vouée à l’échec, puisque les mesures annoncées vont exclusivement dans le sens de la compétitivité, et pas de la transition écologique et sociale ! Son hommage appuyé aux pompiers, en première ligne face aux catastrophes climatiques, sonne creux quand, dans le même temps, ses politiques alimentent les dérèglements qui provoquent incendies et inondations. Aucun plan de gestion de crise n’est proposé, alors que l’urgence climatique est là.
Pas de bonne nouvelle pour l’agriculture et l’alimentation
Côté agricole et alimentaire, la présidente de la Commission européenne nous a annoncé une campagne pour « manger européen ». Il ne s’agit de rien d’autre que de greenwashing, alors qu’elle nous vante les mérites de l’accord UE-Mercosur destructeur pour notre modèle agricole. Passer à une alimentation locale impose de changer de modèle commercial !
Social : des promesses, mais pas de résultats
Sur le plan social, ses quelques annonces, sur le logement et la lutte contre la pauvreté, notamment, sont importantes. Mais les promesses sont les mêmes de discours en discours, et les Européennes et les Européens attendent toujours de pied ferme l’Europe sociale qu’on leur promet depuis tant d’années.
Politique étrangère : le deux poids-deux mesures se poursuit
Ursula von der Leyen s’est longuement étendue sur le soutien (nécessaire) à l’Ukraine face à l’agression russe. Mais, en matière de politique étrangère, je constate malheureusement que le « deux poids – deux mesures » se poursuit. Les institutions européennes restent bien peu réactives face au génocide en cours à Gaza, malgré notre interpellation en début de séance à ce sujet. Il aura fallu attendre deux ans et plus de 63 000 morts pour enfin entendre l’annonce de premières sanctions à l’égard du gouvernement Netanyahou. Nous nous assurerons que cette annonce soit suivie d’effet, et maintiendrons la pression pour obtenir des sanctions à la hauteur de la gravité des faits. Dans le même temps, d’autres conflits qui ravagent la planète n’ont même pas été abordés (Soudan, Yemen), quand bien même l’Europe aurait les moyens de peser dans la résolution du conflit (Est de la RDC).
Après une année de dérégulation des législations du Pacte vert, d’inaction face à la concurrence déloyale chinoise, de capitulation face à Trump, le deal avec le Mercosur, la renationalisation de la politique agricole, l’inaction à Gaza… il est difficile de croire que la Commission européenne, sa Présidente et son groupe (PPE, conservateurs) vont changer leur fusil d’épaule.
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