Fessenheim : le combat continue!
Ce 29 juin à 23h30, l’arrêt du réacteur numéro 2 de Fessenheim acte la fermeture définitive de la centrale doyenne du parc nucléaire français, une retraite plus que méritée. Âgée de 43 ans, Fessenheim était truffée d’anomalies et a cumulé les problèmes de sûreté et de sécurité, justifiant pleinement l’arrêt de son activité.
Cependant, le projet de reconversion du territoire est toujours au point mort. Maintes fois repoussée et controversée, la fermeture de Fessenheim n’a pas été correctement anticipée et préparée. La reconversion du territoire n’est que timidement amorcée, le sort des sous-traitants reste incertain.
Michèle Rivasi, eurodéputée EELV et co-fondatrice de la CRIIRAD:
On se réjouit de cette fermeture!
Je me réjouis d’être à Fessenheim en compagnie des militants qui se mobilisent depuis plus de 45 ans. L’Alsace est enfin débarrassée du risque nucléaire actif et pourra aborder l’avenir avec plus de sérénité.
La priorité est maintenant d’accompagner le territoire et les travailleurs concernés par la fermeture du site. Il est impératif de tirer les leçons de la gestion de l’arrêt de Fessenheim. On peut choisir de préparer les prochaines fermetures plutôt que de les subir de plein fouet. Un calendrier précisant la date de fermeture de chaque réacteur nucléaire est essentiel pour planifier sereinement la reconversion socio-économique des travailleurs et des territoires.
L’échéance des 40 ans de durée de vie des 58 réacteurs nucléaires est une étape majeure qui n’est pas suffisamment anticipée, alors que près des deux tiers des réacteurs français doit l’atteindre d’ici 2025. EDF tente d’imposer leur prolongation d’au moins dix ans. Pour EDF, c’est l’option la moins coûteuse et l’exploitation prolongée des réacteurs constitue une rente. C’est un mépris de la sûreté des citoyens. Prolonger les réacteurs bien au-delà de leur durée de vie est dangereux: ils vieillissent, le moteur des réacteurs n’est pas remplaçable, et ils ne sont pas suffisamment protégés contre les risques d’accident grave.
Ces réacteurs obsolètes menacent non seulement le territoire français mais aussi l’Europe entière. En juillet 2019, la Cour européenne de justice a tranché qu’on ne prolonge pas une centrale nucléaire aussi facilement. Il faut non seulement faire une étude des incidences sur l’environnement, mais aussi consulter les populations et les pays voisins.
On ne veut ni prolongations, ni nouveaux réacteurs. L’énergie nucléaire est obsolète. De puis la mise en service de Fessenheim, nous avons eu des catastrophes nucléaires (Tchernobyl, Fukushima), le dérèglement climatique et l’intensification des événements extrêmes, le piratage informatique, etc. Ajouter à cela, l’impossible gestion des déchets radioactifs: 300.000 tonnes de combustibles nucléaires usés et hautement radioactifs ont déjà été accumulées dans le monde pour des centaines de milliers d’années. Les États prévoient de les enterrer… mais les seuls sites d’enfouissement profond existants (Asse en Allemagne et le WIPP aux États-Unis) sont d’incroyables fiascos qui ont déjà contaminé leur environnement.
Le nucléaire reste très cher, sans être rentable. Le nucléaire nous a toujours été vendu comme produisant l’électricité la moins chère. Mais on découvre petit à petit qu’elle est fortement subventionnée et que les coûts affichés ne prennent pas en compte le démantèlement des centrales ni le stockage des déchets. L’industrie nucléaire est à la dérive. En France, Areva est en faillite et EDF traîne une dette financière brute de 70 milliards d’euros. Le coût de l’énergie nucléaire augmente sans cesse alors que celui des énergies renouvelables baisse. Ce n’est donc pas pour rien qu’elle ne représente que 2% de l’énergie consommée dans le monde.
Arrêtons le nucléaire qui nous freine dans la transition énergétique, créatrice de centaines de milliers d’emplois. Le scénario 100% renouvelable est le plus réaliste. En France, selon l’ADEME, y parvenir en 2050 coûterait à peine plus cher que de maintenir le nucléaire. Ne nous perdons pas dans de fausses solutions… laissons place aux énergies du futur!
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