Fonds européens de développement : l’UE ne doit pas financer des projets qui emploient le travail forcé !
Aujourd’hui, le Parlement européen a validé le budget du Fonds Européen de Développement (FED), en fermant les yeux sur le travail forcé employé sur un projet soutenu par l’Union européenne (UE) en Érythrée. La Commission européenne réplique que l’UE n’est pas responsable des violations des droits humains car les fonds ne financent que des dépenses d’équipement.
La rapporteure du Parlement européen sur ce dossier, Michèle Rivasi, membre du groupe Verts/ALE, commente cette décision :
« Je regrette profondément le vote du Parlement européen. En rejetant mon amendement appelant à suspendre le projet en question tant que la commission d’enquête parlementaire, prévue pour novembre 2020, n’aurait pas eu lieu, les parlementaires ont renoncé à leur pouvoir de contrôle démocratique sur le fléchage des fonds européens pour le développement.
L’argumentaire lénifiant de la Commission européenne ne justifie rien. C’est une question de principe : il ne doit pas y avoir de travail forcé sur un projet financé par l’Europe ! La Commission est, au contraire, tenue de financer des projets qui favorisent l’éradication du travail forcé et la protection des droits des travailleurs et des travailleuses.
Alors que la Commission européenne est attaquée en justice par la société civile aux Pays-Bas, le Parlement européen aurait dû se ranger du côté de la défense des valeurs fondamentales et des droits humains en refusant la décharge 2018 du FED à la Commission.
L’Europe doit cesser de donner des chèques en blanc au gouvernement érythréen. Elle n’obtient aucun progrès sur les droits humains. Quand une relation est à sens unique, on doit l’arrêter, tout simplement. »
Fond :
L’UE dédie 80 milliards d’euros au projet de réhabilitation de la route principale érythréenne via le Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique. Ce projet, qui doit reconnecter l’Éthiopie aux ports érythréens, est géré par le Bureau des Nations unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS).
Selon les documents officiels de la Commission, l’UE est consciente que la compagnie nationale chargée du projet fait appel à une main-d’œuvre de service national, c’est-à-dire des conscrits au travail forcé. En effet, le gouvernement érythréen continue de soumettre la majeure partie de sa population à un service national illimité, civil ou militaire. Des enfants en dernière année de lycée sont enrôlés de force, soumis à une discipline militaire et à des sévices physiques.
L’UNOPS et l’UE n’ont aucune information sur le nombre de conscrits travaillant sur le projet en cause et sur leurs conditions de travail. Un contrôle indépendant de ce projet est impossible car les visites du terrain sont sous le contrôle du gouvernement érythréen.
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