La désignation de Sylvie Goulard, une exception française
Alors que la France a tardé à désigner sa candidate au poste de Commissaire européen, le choix du Président de la République est une surprise à plusieurs titres. Alors que le Parlement européen devra approuver ou non la nomination des nouveaux Commissaires par la Présidente de la Commission, l’audition de Sylvie Goulard risque d’affecter gravement l’image de la France au sein des institutions et aux yeux des Européens. Réaction de Michèle RIVASI et David CORMAND, co-Présidents de la délégation EELV au Parlement européen.
À n’en pas douter, Mme Goulard est une fine connaisseuse du projet européen et son approche fédéraliste ne serait pas pour nous déplaire si elle ne faisait l’objet d’une enquête judiciaire en cours. Si Mme Goulard ne peut être ministre en raison de cette enquête, pourquoi serait-elle apte à devenir Commissaire européenne ? Il est inquiétant qu’Emmanuel Macron puisse croire que sa nomination n’est en rien problématique, et cela démontre une fois de plus la culture démocratique toute relative des élites françaises, ainsi que leur mépris pour la politique européenne.
Comment est-il possible de nommer une personne qui fait encore l’objet d’une enquête judiciaire pour les mêmes faits qui sont reprochés au Rassemblement National, à savoir le détournement d’enveloppes parlementaires au profit de son ancien parti le Modem ? Il ne faut pas non plus oublier qu’elle a été rémunérée à hauteur de 10 000 euros par mois pendant plus de deux ans, par un think tank américain, alors même qu’elle était eurodéputée. Ces deux taches sur son CV seront âprement scrutées par les eurodéputés, et il y a fort à parier qu’elles seront au cœur de son audition par le Parlement européen. Désigner une personne au risque d’affaiblir l’image de l’Union européenne est incompréhensible.
Entre les libéraux et les populistes, nous avons été élus pour rappeler qu’il existe une troisième voie porteuse d’espoir pour toutes et tous : l’écologie. Et le libéralisme économique de Mme Goulard, qui a voté en faveur du CETA alors qu’elle était eurodéputée, nous préoccupe profondément. C’est l’autre raison de voir cette nomination avec scepticisme : elle ne garantit en rien que l’écologie puisse figurer en bonne place à l’agenda politique de la prochaine Commission européenne, alors que l’urgence d’agir n’a jamais été aussi présente pour les citoyens européens. La transition écologique et la réorientation de l’Europe seront nos priorités durant le mandat entamé le 27 mai dernier, et nous en tiendrons compte quand il s’agira de voter pour les différents Commissaires européens.