La pollution tue, nous exigeons des mesures d’urgence
Déclaration de Michèle RIVASI à la veille de la Journée nationale de la qualité de l’air, qui arrive dans un contexte où les ravages générés par la pollution deviennent de plus en plus insupportables.
Le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) montre que 9 personnes sur 10 respirent un air contenant des niveaux élevés de polluants. Les dernières estimations révèlent aussi que 7 millions de personnes meurent chaque année à cause de la pollution. C’est ainsi qu’un 1 décès sur 6 dans le monde est causé par la pollution.
En France 48 000 décès par an sont liés à la pollution de l’air. C’est la troisième cause de mortalité (la pollution occasionne 10 fois plus de morts que les accidents de la route et coûte à la société 100 milliards par an).
Je partage aussi le dernier rapport de la Cour des comptes européenne (CCE) paru le 11 septembre sur la pollution de l’air et qui estime que « la santé des citoyens européens est insuffisamment protégée ». En effet, cette pollution tue prématurément chaque année 450 000 personnes dans l’UE. La CCE recommande une mise à jour de la directive sur la qualité de l’air de 2008 avec des normes qui datent de 15 à 20 ans. Il faut aligner les limites d’exposition quotidienne sur celles de l’OMS plus exigeantes (notamment pour les particules fines et ultra-fines). D’ailleurs les particules ultra-fines (PM2,5) ne font l’objet d’aucune limite d’exposition journalière alors que ce sont les plus dangereuses car elles pénètrent directement les voies respiratoires.
D’autre part, outre les imperfections de la directive sur la qualité de l’air, la CCE stigmatise aussi l’incapacité de l’UE à la faire respecter par les États membres.
Enfin, je partage la recommandation de la Cour de faire de la lutte contre la pollution de l’air une priorité de l’UE dans les politiques notamment de l’énergie, des transports, de l’industrie et de l’agriculture, alors que le budget des fonds consacrés à la qualité de l’air représente moins de 1% des fonds de cohésion de l’UE.
En France, nos dirigeants (à l’échelle gouvernementale et des territoires) doivent agir pour faire face à la pandémie de maladies chroniques graves liées au facteur environnemental et à la pollution de l’air notamment. Nous préconisons 7 leviers d’action pour mener une vraie politique de lutte contre la pollution de l’air. Il faut :
- Développer les transports collectifs du quotidien en redéployant tous les crédits d’infrastructures routières sur cette priorité ;
- Interdire le transit des poids lourds dans les villes et les métropoles déjà sur-polluées et instaurer une taxe poids lourds pour inciter au report modal et mettre les marchandises sur des trains et des péniches ;
- Ne plus investir un euro dans le routier (autoroutes urbaines, voies rapides, tunnels) ;
- Lancer un plan de lutte contre la terrible pollution des paquebots dans les grands ports méditerranéens (Sète / Marseille / Toulon / Nice…) qui empoisonnent les riverains (un gros navire de croisière pouvant rejeter dans l’atmosphère l’équivalent d’un million de voitures) en exigeant leur raccordement électrique à quai ou leur passage au gaz naturel ; l’UE doit par ailleurs imposer la règlementation en zone ECA (qui impose des teneurs en soufre limitées à 0,1% prohibant l’usage de fioul lourd) pour tous les ports méditerranéens ECA. La Méditerranée doit jouir de la même réglementation qu’en mer du Nord, dans la Baltique et le long des côtes nord-américaines ;
- Engager un plan de lutte contre les rejets industriels et l’effet cocktail des polluants sur la santé des riverains ; reconnaître les études épidémiologiques participatives engagées sur des territoires sur-industrialisés avec des populations sacrifiées (Fos EPSEAL / Index…) ;
- Végétaliser les territoires urbains et métropolitains en replantant des arbres en ville, en végétalisant le patrimoine municipal, en développant les espaces verts en ville plutôt que de tout bétonner…
- Revoir le paradigme de notre santé publique en passant d’une logique de soin, purement curative, à une logique de santé environnementale, plus axée sur la prévention et la prise en compte des risques en commençant par mieux informer les populations de la qualité de l’air et des comportements à adopter.
Il est temps de passer à l’action et de mettre au diapason nos paroles et nos actes !