La réforme Schengen, une attaque frontale contre les droits des migrants
En tant qu’eurodéputé des Verts/Alliance libre européenne, je ne peux rester silencieux face à la récente réforme scandaleuse du code des frontières Schengen que le Parlement européen a approuvé le 24 avril dernier.
Loin de faciliter la libre circulation, ce texte représente une véritable régression en matière de respect des droits humains et des libertés fondamentales.
Il s’agit d’une attaque frontale contre la dignité et les droits des migrants, orchestrée par les tenants d’une « Europe forteresse ». Avec les nouveaux « accords de réadmission bilatéraux », les autorités pourront désormais renvoyer sans vergogne les migrants vers les pays par lesquels ils sont entrés, légalisant ainsi les refoulements au sein même de l’espace Schengen.
Pire encore, le texte ouvre la voie à une généralisation des contrôles au faciès et du profilage ethnique, en invitant explicitement les forces de l’ordre à cibler les personnes « qui ont l’air d’être des migrants ».
Une disposition honteuse qui bafoue les principes fondamentaux de non-discrimination et d’égalité devant la loi. L’une des dispositions les plus révoltantes concerne les enfants migrants, qui ne sont pas exemptés des potentiels « transferts » à la frontière prévus par l’article 23a.
Malgré des garde-fous censés protéger « l’intérêt supérieur de l’enfant », l’expérience montre que les droits des mineurs sont trop souvent bafoués dans ce type de procédures expéditives.
Faut-il rappeler que ces enfants, déjà traumatisés par l’exil et la précarité, sont des êtres vulnérables qui devraient bénéficier d’une protection renforcée ?
En les exposant à de telles pratiques indignes, l’Europe renie ses valeurs les plus nobles et on pourrait même dire qu’elle a perdu son âme.
En cautionnant cette réforme liberticide, le Parlement européen a malheureusement cédé aux sirènes des discours xénophobes et sécuritaires. Il tourne le dos aux idéaux humanistes qui ont présidé à la construction européenne et bafoue les principes de dignité humaine et de respect des droits fondamentaux.Nous ne pouvons rester spectateurs face à cette dérive autoritaire.
En tant que citoyennes et citoyens, défenseur.e.s des libertés, nous devons nous mobiliser pour dénoncer haut et fort cette régression inadmissible.
L’avenir de l’Europe, terre d’accueil et de tolérance, en dépend.
Mounir Satouri
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