Le Parlement européen se prononce en faveur d’un texte qui facilite l’accès à l’énergie aux pays en développement
Le 17 Janvier 2024, le Parlement européen a adopté à une large majorité en plénière le rapport sur l’accès à l’énergie dans les pays en développement, dont Caroline Roose était la rapporteure.
Il s’agit d’un rapport d’initiative, qui permet de formuler des recommandations et des demandes à la Commission et aux États membres. C’est une bonne nouvelle car ce rapport – qui a été adopté d’abord en commission du développement puis en plénière – est très ambitieux et envoie de nombreux signaux forts.
Grâce à la coopération de plusieurs groupes politiques, nous avons pu obtenir des compromis solides, tandis que malgré leurs tentatives, les conservateurs ne sont pas parvenus à affaiblir le texte.
Alors que contenait ce rapport ? Des avancées majeures que je vous détaille ci-dessous :
- Le développement des énergies renouvelables et la fin des combustibles fossiles en Afrique : un défi politique majeur
Selon les Nations unies, mi-2023, environ 733 millions de personnes dans le monde, dont 80 % en Afrique subsaharienne, n’auront toujours pas accès à une énergie abordable, fiable, propre et de qualité. En outre, l’Afrique subsaharienne comprend 19 des 20 pays ayant le taux d’accès à la cuisson propre le plus faible au monde. 64 % des Africains utilisent principalement le bois ramassé ainsi que les déchets agricoles et animaux comme combustibles pour la cuisine.
De manière générale, les pays en développement disposent d’une abondance de sources d’énergie renouvelables : celles-ci sont moins chères, plus accessibles, plus inclusives et plus fiables que les combustibles fossiles. Toutefois, la mise en œuvre d’un régime d’énergie renouvelable basé sur les droits des individus est nécessaire pour parvenir à et garantir la justice énergétique assurer que le développement de projets d’énergie renouvelable à grande échelle, tels que le développement de l’hydrogène vert, ne conduise pas à l’accaparement des terres et/ou de l’eau et n’exacerbe pas l’injustice énergétique et climatique. Cet enjeu est central en Afrique où les zones arides, considérées comme d’excellents sites pour la production d’énergie éolienne et solaire, sont également nécessaires à divers peuples d’éleveurs, de chasseurs-cueilleurs et de cultivateurs. Or, les projets d’énergies renouvelables ignorent souvent leurs droits fonciers.
Bien que l’UE ait une longue tradition de coopération en matière d’énergie en Afrique, la transition énergétique reste toujours sous-financée dans les pays les moins avancés (PMA). La plupart des décaissements ont pris la forme de prêts, ce qui soulève des inquiétudes quant à la viabilité de la dette dans certains pays. En outre, la plupart des projets financés par l’UE visent à promouvoir de grandes infrastructures de production d’électricité, ce qui a peu d’impact sur l’accès à l’électricité pour ceux qui n’en ont pas préalablement. Enfin, le financement de l’UE pour la « cuisson moderne », un enjeu important pour réduire l’utilisation de combustibles polluants, est marginal.
En conséquence, j’ai proposé plusieurs améliorations à apporter au mandat du partenariat Afrique – UE.
- Les mesures phares pour garantir l’accès à l’énergie en Afrique
Face à ces enjeux, dans l’ensemble, toutes les demandes clés formulées par les Verts ont été adoptées. Voici les principales :
- L’accès universel à l’énergie en tant que droit humain fondamental ;
- L’accès à une cuisine propre et à un fourneau approprié ;
- L’accès aux énergies renouvelables dans les pays en développement par le biais de transferts de technologie ;
- Le développement de grands projets hydroélectriques dans les pays en développement ;
- La demande à l’Union européenne et à ses États membres de montrer l’exemple et de cesser de financer des projets liés aux énergies fossiles ;
- L’augmentation des financements pour une transition énergétique juste;
- L’inscription du rôle crucial de l’hydrogène vert, pour décarboner les systèmes énergétiques et parvenir à des émissions nettes nulles à l’échelle mondiale d’ici 2050.
La question de la production d’hydrogène vert est très sensible car nous devons être vigilants, à ce que les projets provenant de l’hydrogène vert, en apparence prometteurs, n’entraînent pas des problèmes environnementaux et sociaux, notamment l’accaparement des terres et une augmentation de la pauvreté. Actuellement, environ 99% de l’hydrogène produit provient de combustibles fossiles. Nous devons trouver des solutions durables et respectueuses des droits fonciers et de l’eau. C’est pourquoi nous avons rappelé l’importance des évaluations du cycle de vie qui tiennent compte des modes de production et de transport utilisés.
- L’intégration de la dimension de genre et de justice énergétique
Le rapport intègre également la dimension de genre dans la transition énergétique, notamment en donnant la priorité à des projets énergétiques qui tiennent compte de la dimension de genre et / ou impliquant des organisations énergétiques et des entreprises dirigées par des femmes. La sécurité énergétique nécessite une approche sexospécifique : il s’agit de reconnaître que la pauvreté énergétique touche de manière disproportionnée les femmes et les filles.
Je tenais également à inscrire dans le rapport des dispositions fortes sur la justice énergétique et la nécessité de remédier aux inégalités entre les pays et entre les populations en termes d’accès universel à l’énergie. Le soutien de l’UE aux projets d’énergie renouvelable doit, en premier lieu répondre aux besoins de la population locale avant de soutenir l’exportation. Le rapport contient donc des dispositions relatives aux communautés locales, aux populations autochtones et aux éleveurs (par le biais d’un consentement préalable, libre et éclairé).
Aujourd’hui, les députés européens ont voté pour que l’énergie ne soit plus un luxe mais une réalité pour tous !
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