L’UNRWA attaquée : Une crise humanitaire sur le point d’exploser

8 octobre 2024

Alors qu’Israël envisage de qualifier l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) d’organisation terroriste et s’apprête à interdire toutes ses activités sur son territoire, j’ai rencontré Sam Rose, Directeur adjoint des affaires de l’UNRWA à Gaza.

Sam et ses équipes sont profondément préoccupés par la situation désastreuse dans la bande de Gaza. Ils insistent sur le fait que les images relayées par les médias ne reflètent qu’une partie de l’immense souffrance sur place : 90 % des Gazaouis ont été déplacés, certains jusqu’à dix fois. Deux tiers des bâtiments ont été détruits.

Une crise humanitaire hors de contrôle

Israël fait tout pour empêcher l’UNRWA d’accomplir sa mission essentielle. Pourtant, cette agence fournit des services vitaux à la population palestinienne. La majorité des enfants fréquente les écoles de l’UNRWA, et la population dépend des soins prodigués dans ses centres. En tout, 350 000 enfants comptent sur l’UNRWA pour répondre à leurs besoins les plus élémentaires. Entraver son action constitue une violation flagrante du droit international et des droits de l’enfant. Bloquer cette aide, c’est aggraver une crise humanitaire déjà dramatique.

L’accès aux soins et aux produits de première nécessité était déjà difficile avant le 7 octobre en raison du blocus israélien. Depuis cette date, c’est toute la population qui survit grâce à l’aide humanitaire. En fuyant les bombardements, les Gazaouis ont besoin en permanence de nourriture, d’eau, de vêtements, de médicaments… Pourtant, les volumes d’aide sont largement insuffisants et soumis au contrôle rigide de l’armée israélienne aux points de passage.

Une offensive périlleuse contre l’UNRWA

Début 2024, Israël a accusé l’UNRWA d’employer des personnes liées à l’attaque du Hamas le 7 octobre, sans présenter de preuves concrètes. En conséquence, plusieurs des principaux donateurs de l’agence ont suspendu leur financement. À ce jour, les États-Unis n’ont toujours pas rétabli leurs contributions, ce qui fait peser une lourde incertitude sur le budget 2025 de l’UNRWA.

Si la Knesset va jusqu’à déclarer l’UNRWA comme organisation terroriste, cela créerait un précédent dangereux et mettrait en péril la sécurité des employés des agences onusiennes. L’impunité règne déjà : il y a quelques semaines, six employés de l’UNRWA ont été tués dans une école. Le gouvernement israélien a accusé trois d’entre eux d’être des terroristes, sans fournir de preuves, obligeant l’UNRWA à consacrer des ressources précieuses pour démentir ces accusations.

Cette propagande israélienne a également des répercussions au Parlement européen, où les groupes d’extrême droite tentent de réduire le budget alloué par l’UE au financement de l’UNRWA. Le vote du budget 2025 approche, et il est impératif de résister à cette désinformation et de défendre coûte que coûte le financement de l’UNRWA, afin que l’agence puisse continuer son travail indispensable.

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