Mayotte sous le choc : urgence d’une justice climatique et sociale
Le cyclone Chido a frappé Mayotte avec une violence inédite le samedi 14 décembre 2024, révélant les failles profondes d’un territoire français longtemps négligé.
Cette catastrophe souligne l’urgence d’une action climatique et sociale coordonnée, tant au niveau national qu’européen.
Les destructions apocalyptiques causées par le cyclone Chido ne sont que la partie visible d’un problème bien plus profond : celui des vulnérabilités sociales et environnementales accumulées à Mayotte, un territoire fragilisé depuis trop longtemps. L’ampleur des dégâts n’est pas seulement le résultat d’un phénomène climatique extrême, mais aussi le reflet de la précarité des infrastructures et de l’absence de services publics adaptés. Plus de 100 000 Mahorais vivent dans des conditions insalubres, sans accès suffisant à l’eau, à la santé ou à l’éducation, alors que la population continue de croître.
Dans ce contexte de dévastation, la réaction du Premier ministre François Bayrou interpelle. Alors que Mayotte subissait l’une de ses pires catastrophes, Bayrou avait choisi de se rendre à un conseil municipal à Pau en jet privé. Ce geste, à la fois symbolique et choquant, incarne le décalage entre les discours sur l’urgence climatique et des comportements qui l’aggravent, déconnectés des souffrances vécues par les Mahorais.
La situation à Mayotte dépasse les seules capacités de la France et met en lumière l’urgence d’une action coordonnée. Cependant, la faute incombe avant tout à la France, qui a négligé les réalités de Mayotte en matière d’infrastructures, de services publics et de gestion des risques climatiques. Mayotte, le département le plus pauvre de France, ne peut plus être laissée de côté. La France doit prendre sa responsabilité pleinement, tant dans la réduction de son empreinte écologique que dans l’amélioration des conditions de vie des Mahorais. Des réformes profondes et des investissements massifs sont nécessaires pour garantir un avenir digne à Mayotte.
En parallèle, l’Union européenne doit également agir en garantissant la protection de tous ses citoyennes et citoyens, y compris ceux des régions les plus vulnérables. La transition écologique européenne ne pourra réussir sans une solidarité renforcée envers ses territoires fragiles. L’Europe doit investir dans des infrastructures durables, soutenir la prévention des risques climatiques, et garantir l’accès à l’eau et à des services publics de qualité pour tous, tout en assurant le respect des droits fondamentaux de tous les habitants, y compris des personnes en situation irrégulière.
Mayotte est un signal d’alarme.
Ignorer les besoins des territoires les plus vulnérables, c’est renforcer les fractures sociales et environnementales au sein de notre communauté. La transition écologique ne peut être une réussite que si elle repose sur la justice, où personne n’est laissé pour compte.
Bâtir un avenir résilient pour Mayotte, c’est aussi contribuer à une Europe plus forte, plus juste et capable de relever les défis de notre époque. La justice sociale et climatique sont indissociables, et une solidarité véritable est indispensable pour garantir un avenir digne à Mayotte et à tous les territoires vulnérables.
Les commentaires sont fermés.