Mounir Satouri dans le débat « Mettre l’économie européenne au service des classes moyennes »
Mercredi 12 juillet, Mounir Satouri est intervenu dans le débat « Mettre l’économie européenne au service des classes moyennes ».
Son intervention ⬇️
« 2 milliards de baisse d’impôts pour les classes moyennes. C’était la promesse d’Emmanuel Macron en mai dernier. Une grande partie de la population a dû se sentir concernée, puisqu’il s’adressait, et je cite, « aux Françaises et aux Français qui travaillent dur, qui veulent bien élever leurs enfants « et qui, aujourd’hui, ont du mal à boucler la fin du mois et sont écrasés par la fiscalisation des revenus. » En bref, nous devions comprendre que le déclassement de la classe moyenne était injuste et qu’il était surtout dû à l’assistanat des pauvres qui, en plus, élèvent mal leurs enfants.
Contrairement à ce que suggère cette pensée complexe, ce sont bien les impensés libéraux à long terme qui ont accentué l’érosion des classes moyennes en Europe au cours des dix dernières années. Développement des formes atypiques d’emploi, exigence de flexibilité au travail, entre surtravail pour garder son job et temps partiel subi, pressions sur les salaires réels, voilà les vrais responsables de la dégradation des conditions de travail et de la paupérisation des classes moyennes. L’opposition grossière entre classes sociales, fonds de commerce des populismes, ne devrait pas être le projet politique des libéraux. Les classes moyennes ont de plus en plus de mal à trouver un emploi correctement rémunéré, mais elles ont aussi de plus en plus de mal à se loger. Elles côtoient la pauvreté des classes populaires, qui restent les premières victimes de l’indécence de nos modèles économiques, faut-il le rappeler ? Il n’est guère surprenant que les plus vulnérables et qu’une classe moyenne paupérisée expriment leur colère en ayant recours à des votes d’extrême droite. Pour réduire les inégalités et consolider une classe moyenne solide, il nous faut construire une démocratie sociale partout en Europe.
J’attends de l’Europe qu’elle abandonne son dogme libéral et qu’elle avance sur sa mue sociale. J’attends de l’Europe qu’elle poursuive son œuvre normative en termes de droit du travail et de protection.
J’attends de l’Europe qu’elle s’engage dans des mesures de protection sociale pour lutter contre la pauvreté et garantir de la dignité.
J’attends de l’Europe qu’elle se donne les moyens de cette ambition avec des ressources propres.
C’est à ce prix qu’on pourra mettre fin à la paupérisation des classes, en mettant des filets sociaux qui seront nécessaires à notre vivre ensemble, toutes et tous, dans la décence. »
Les commentaires sont fermés.