Non à la militarisation des fonds dédiés à la prévention des conflits
Alors que le Parlement européen débat de l’instrument contribuant à la stabilité et à la paix (IcSP), Eva JOLY rappelle notre opposition à la réforme de ce règlement visant à intégrer un programme de renforcement des capacités militaires au seul instrument européen de prévention civile des conflits*.
Eva JOLY, ancienne Présidente de la Commission Développement commente :
« Il est inacceptable que les précieuses ressources de l’UE allouées à la prévention des conflits civils soient détournées pour renforcer des armées étrangères. Si les États membres veulent un nouvel instrument de coopération militaire, de sécurité et de renforcement des capacités avec les pays tiers, qu’ils engagent les fonds nécessaires pour ce faire au lieu de tailler dans les indispensables budgets civils. C’est d’ailleurs ce que nous avions proposé, en vain.
Sacrifier le seul instrument de l’UE pour la prévention civile des conflits démontre un manque total de vision à long terme. La politique de voisinage, les missions de police et les secours pour les crises imprévues en seront de fait réduits alors même que ces lignes budgétaires devraient être augmentées compte tenu de l’instabilité dans les régions voisines de l’UE.
Cette politique n’est pas seulement néfaste, elle est également en contradiction avec la législation européenne. Les services juridiques d’au moins deux institutions européennes ont remis en cause sa légalité et relevé son incompatibilité avec la jurisprudence de la Cour de justice de l’UE. L’objectif de cette réforme, à savoir le renforcement des capacités militaires, ne rentre pas dans le cadre d’un règlement fondé sur la base juridique de la politique de développement.
Si les députés approuvent cet instrument, ils ouvrent la voie à de futurs recours juridiques et sapent la crédibilité de la législation européenne. »
*Le règlement étant basé sur l’article 209 du Traité sur le Fonctionnement de l’UE – article régissant la coopération au développement – cette réforme visant une militarisation de la politique de développement est tout bonnement incompatible avec le droit européen. Le vote final aura lieu demain.