Le climat et la transition énergétique, victimes de la contre-révolution conservatrice, fossile et fissile !
« Le paquet climat et énergie présenté par la Commission européenne est très loin de ce que recommandent les scientifiques pour éviter la catastrophe climatique dont on subit déjà les prémices partout dans le monde. Ce ne sont pas 40 % mais au moins 60 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’il faut faire d’ici 2030. De même, alors qu’un consensus semblait émerger depuis plusieurs années sur le couple efficacité énergétique et énergies renouvelables comme piliers de la transition énergétique européenne, la Commission a plié sous les coups de boutoir des lobbys des énergies fossiles et nucléaires, y compris avec la complicité de certains commissaires comme Oettinger, en charge de l’énergie.
Ainsi, la proposition d’un objectif pour les renouvelables à 27 %, sans clé de répartition nationale, est très en-dessous du potentiel fantastique de ce secteur, comme le démontre l’Allemagne, d’au moins 45 % du mix énergétique à l’horizon 2030. Enfin, l’absence d’objectif contraignant sur l’efficacité énergétique est la preuve la plus flagrante de la prise en otage de la Commission par les intérêts pétroliers et nucléaires : malgré les discours, le gaspillage de l’énergie reste la garantie des profits des grands groupes, au détriment du pouvoir d’achat des Européens et de notre sécurité énergétique. On attend beaucoup plus de la France que d’être dans le ventre mou de l’Europe en matière d’ambition climatique et de transition énergétique. »
Pour Claude Turmes, eurodéputé écologiste luxembourgeois :
« Cette nouvelle proposition ultra-diluée est une concession forte faite aux Etats-membres comme l’Angleterre ou la Pologne, les grands défenseurs des énergies fossiles comme le gaz de schiste, le charbon et le nucléaire. L’objectif « headline » pour les renouvelables de 27 % tel qu’il est proposé pour 2030 est non seulement dépourvu d’ambition mais aussi présente-t-il une attaque frontale à l’architecture existante de la directive renouvelable qui a des objectifs contraignants au niveau européen et des États membres.
Le président Barroso a repris littéralement l’approche de Cameron pour étouffer toute sécurité d’investissement dans les secteurs verts et propres aux dépens d’une relance économique. Ceci est en totale contradiction avec les propres analyses de la Commission qui soulignent les bénéfices clairs et nets des renouvelables sur l’emploi, la sécurité énergétique et la réduction des coûts d’importation pour les énergies fossiles. Il y a un soutien important de dix Etats-membres déjà favorables aux énergies renouvelables, ainsi que du Parlement européen qui a soutenu trois objectifs contraignants lors d’un vote il y a deux semaines à peine. Ces gouvernements doivent redresser ce mauvais tir en amont du prochain sommet européen en mars. »