Réforme de la PAC : la Commission de l’Agriculture adopte une position déconnectée de la réalité climatique et des citoyens

2 avril 2019

La Commission de l’agriculture et du développement rural du Parlement européen a adopté son principal rapport dans le cadre de la réforme de la Politique Agricole Commune*. José BOVÉ dénonce l’aveuglement de la majorité de la Commission qui continue de défendre un modèle agricole non durable, destructeur des ressources et des petites exploitations – des centaines de fermes disparaissent chaque jour – au bénéfice des exploitations industrielles.

Pour info, la Commission européenne a proposé de consacrer 365 milliards d’euros du cadre financier pluriannuel (CFP) 2021-2027, soit 28,5% du budget de l’UE à la PAC. Ce sera au Parlement élu en mai que reviendra la charge d’inverser la tendance.

Déclaration de José BOVÉ, membre de la Commission de l’agriculture et du développement rural :

« La réforme de la PAC n’a de sens que si elle devient compatible avec les impératifs de protection de l’environnement, de la biodiversité, du climat. Elle doit aussi garantir un revenu décent aux agriculteurs et fournir une alimentation de qualité aux 500 millions de citoyens européens.

Il est aberrant que la majorité des membres de la Commission AGRI ait préféré conserver le modèle hors sol d’une agriculture intensive dépendante de l’industrie chimique. Un modèle de surcroît discriminatoire vis-à-vis des petits exploitants et des agriculteurs d’Europe de l’Est. Nous ne pouvons plus accepter que les 80% du budget de la PAC profitent à 20% des exploitations les plus grandes. Le vote d’aujourd’hui va, par ailleurs, à l’encontre des demandes des millions de citoyens qui se mobilisent chaque semaine pour le climat. Il représente même un recul important par rapport à la situation actuelle et aux propositions de la Commission européenne.

Dès l’élection du nouveau Parlement, il faudra saisir la première occasion pour opérer un changement de cap. La PAC doit devenir un moteur de la transition écologique de l’Agriculture en phase avec l’accord de Paris. Même le Conseil n’a pas voulu adopter de position sur la proposition de la Commission qui va pourtant dans le sens d’une renationalisation de la PAC. Il faut espérer que le prochain Commissaire en charge de l’agriculture comprenne que cette réforme capitale pour l’avenir des Européens nécessite une réelle reconfiguration. Les écologistes se battront pour que les subventions allouées à une même exploitation soient plafonnées à 50 000 euros. C’est le seul moyen de garantir une distribution juste de l’argent public. Contrairement à la proposition de la Commission, nous voulons également renforcer le pilier consacré au développement rural. Ce pilier est essentiel pour promouvoir une agriculture durable. »

*Rapport sur  l’établissement de règles régissant l’aide aux plans stratégiques devant être établis par les États membres dans le cadre de la politique agricole commune (les «plans stratégiques relevant de la PAC») et financés par le Fonds européen agricole de garantie (FEAGA) et par le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader).

 

Pour consulter notre briefing : « For a fair and climate friendly CAP« 

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4 commentaires

  • Binyamin gr dit:
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    Down with the corrupted.

  • Gregorio ETESSE dit:
     - 

    50000€!!!!
    d’où sort ce chiffre? ça fait qd m^ plus de 4000€/mois!…
    je suis d’accord sur le principe de la subvention, c’est-à-dire une donation conditionnée. Conditionnée, d’accord avec vous, au respect de l’environnement, de la biodiversité, des consommateurs, etc.
    Mais l’essentiel du revenu d’un agriculteur doit-il provenir de subvention? Si oui, autant parler de « paysan fonctionnaire », gardiens du paysage, piégeurs de CO2 et producteurs de denrées du terroir.

    • Sirieix dit:
       - 

      On ne peut comparer une subvention d’exploitation à un salaire mensuel. Il s’agit là de financer les fermes pour maintenir un prix de l’alimentation acceptable. Ainsi hors aides beaucoup de denrées sont vendus à perte. Ce plafonnement freinerait l’agrandissement des fermes préjudiciable au développement de pratiques agroecologiques.

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