Réforme de la zone Euro – Création du Fonds monétaire européen : le MES réformé, la fake news d’une avancée communautaire
Les députés européens ont donné leur feu vert à la création du Fonds monétaire européen. Présentée en décembre 2017, la proposition de la Commission visait notamment à intégrer le Mécanisme européen de stabilité (MES) dans l’ordre juridique de l’UE. Pour Eva JOLY et le groupe Verts-ALE, cette étape nécessaire n’a de sens que s’il est régi dans son fonctionnement par la méthode communautaire, ce qui n’est pas le cas.
La proposition créant le Fonds monétaire européen se résume en effet à une modification d’ordre formel. À l’instar du MES, organe intergouvernemental de gestion de crise créé par les 19 États membres de la zone euro, le Fonds monétaire européen continuera d’être alimenté par les États membres, ses décisions devront être prises à l’unanimité et les Parlements ne pourront exercer aucun pouvoir de contrôle.
Déclaration d’Eva JOLY, Vice-Présidente de la Commission TAX3 :
« S’il y a bien une réforme incontournable pour l’avenir de l’UE, c’est précisément celle de la zone euro et, notamment, du Mécanisme Européen de Stabilité. La création du Fonds monétaire européen est une occasion manquée de réellement démocratiser et renforcer la solidarité de la zone euro. En donnant leur feu vert à ce Fonds monétaire européen, qui n’a d’ailleurs d’européen que le nom puisqu’il reste en dehors du budget européen et du contrôle du Parlement, une majorité d’eurodéputés perpétuent les travers d’une Union économique et monétaire à bout de souffle.
En tant qu’écologistes, nous défendions un mécanisme de prévention des crises doté d’une capacité financière suffisante pour assister financièrement les États dans le besoin. Nous souhaitions un Fonds qui intègre la dimension sociale et tire les leçons des politiques d’austérité. Nous voulions un organe transparent et soumis au contrôle parlementaire. Au lieu de cela, nous n’avons obtenu qu’un simulacre de fonds monétaire européen soumis à la règle de l’unanimité des États et qui, faute d’être efficace et démocratique, risque de renforcer le sentiment de défiance chez les citoyens. Nous avons besoin d’un changement de cap pour l’avenir de l’Union économique et monétaire. »