Should We Call It Genocide? : une conférence au cœur de la crise à Gaza

22 mai 2025

Les 28 et 29 avril 2025, j’ai organisé une conférence d’envergure au Parlement européen à Bruxelles, intitulée Should We Call It Genocide?.
En collaboration avec mes collègues eurodéputés Jaume Asens, Benedetta Scuderi et Ana Miranda, j’ai voulu créer un espace de réflexion inspiré par l’héritage des Tribunaux Russell.
Cet événement a rassemblé des juristes, des experts en droit international, des témoins directs et des représentants de la société civile pour répondre à une question aussi complexe que cruciale : ce qui se déroule sous nos yeux à Gaza peut-il être qualifié de génocide ?

Bien que déjà convaincu depuis longtemps, j’ai souhaité porter les voix d’experts internationaux au coeur du Parlement européen sur cette question. Afin que les dirigeants européens et les autres députés ne puissent pas dire qu’ils ne savaient pas.

Mon objectif n’était pas de s’arrêter aux émotions suscitées par les images tragiques en provenance de Gaza, mais de mener une réflexion rigoureuse, fondée sur le droit.
Lors de mon discours d’ouverture, j’ai insisté sur la nécessité de nommer les faits avec précision pour engager des responsabilités. « Nommer un génocide, c’est poser les bases d’une action concrète de l’Europe », ai-je affirmé.

En s’appuyant sur la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, les intervenants ont analysé les critères juridiques définissant un génocide : l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
Les discussions ont également porté sur les enquêtes en cours menées par la Cour pénale internationale (CPI) et les procédures devant la Cour internationale de Justice (CIJ), notamment celles initiées par l’Afrique du Sud contre Israël pour des allégations de génocide à Gaza.

Cette conférence était composée de 4 tables-rondes ayant respectivement pour sujet : « Les actes génocidaires », « L’intention de génocide », « Comment Israël empêche toute vie future à Gaza », et « Les rôles et devoirs de l’UE ». L’intégralité des tables-rondes sont disponibles en français sur YouTube :

Soutenue par la Bertrand Russell Peace Foundation, la conférence a offert un espace unique où les voix de la société civile ont pu dialoguer avec celles des décideurs politiques. Des témoignages poignants de Palestiniens et de soignants ayant vécu les bombardements et les déplacements forcés ont côtoyé des analyses pointues d’experts, tels que celle de Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies, ou celle d’avocats spécialisés en droit humanitaire.

Qualifier les événements de Gaza de « génocide » n’est pas une démarche anodine. Ce n’est pas qu’aux historiens de trancher, contrairement à ce qu’a récemment affirmé Emmanuel Macron. C’est aussi et avant tous à la justice de juger, et les responsables politiques ont bien le devoir d’identifier le génocide pour l’éviter ou y mettre fin, conformément à la Convention de 1948 et au droit international. Rester passif, c’est permettre aux génocidaires de continuer leurs actes.

Alors que nous sommes au 17ème train de sanctions adoptées contre la Russie, pas l’ombre d’une action n’a été envisagée contre Israël. Il est temps que la Commission européenne et les Etats membres agissent ! Leur silence et leur immobilisme engagent leur responsabilité pénale. La justice prend du temps mais finira par triompher, et nous risquons de les voir sur le banc des accusés.

 

Mounir Satouri


 

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