Stop à l’accord commercial UE-Mercosur

31 janvier 2024

Déclaration de Saskia Bricmont, députée belge du groupe Verts-ALE, membre de la commission du commerce international du Parlement européen chargée de la campagne* contre l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur.

« Les manifestant·e·s à travers l’Europe le disent clairement : les agriculteurs et les agricultrices européen·ne·s souffrent d’un système agricole défaillant qui nourrit une concurrence déloyale liée, notamment, à l’importation de produits qui ne respectent pas les normes sociales et de durabilité en vigueur en Europe et qui ne sont pas soumis aux mêmes exigences que celles qui s’imposent à nos agriculteurs et nos agricultrices. Les partis conservateurs, et une partie des Libéraux et des Socialistes, nuisent donc directement à nos agriculteurs et nos agricultrices en appelant à la ratification de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur qui accroîtra la concurrence déloyale de la part d’une agriculture non durable.
Les Européen·ne·s, et les agriculteurs et les agricultrices en particulier, sont les victimes collatérales des politiques menées depuis des décennies par des partis au pouvoir englués dans un modèle économique injuste qui a exacerbé les disparités sociales, la détresse du monde agricole et la crise environnementale au profit d’une minorité prédatrice des richesses.
Notre groupe s’est opposé à l’accord obsolète UE-Mercosur car il va à l’encontre de l’intérêt général européen mais aussi du Pacte vert qui n’est même pas encore entré en vigueur. Par ailleurs, cet accord n’est pas de nature à apporter des solutions aux défis auxquels les quatre pays sud-américains sont confrontés ; la pauvreté et les inégalités, les discriminations fondées sur le genre, les faiblesses du marché du travail, etc. En outre, cet accord ne contient pas de dispositions applicables en matière de durabilité et entraînera une augmentation de la déforestation dans les pays du Mercosur.
Notre groupe demande, non seulement, à la Commission de mettre un terme aux négociations, mais également de le remplacer par un modèle fondé sur une nouvelle approche renforçant les relations avec les pays du Mercosur et poursuivant les objectifs de développement durable.
Nous attendons des chefs d’État qu’ils fournissent sans délai des lignes directrices claires à la Commission à cet égard, conformément à la position du Parlement européen exprimée en octobre 2020.
Nous attendons également de nos dirigeants, réunis dès aujourd’hui à Bruxelles, que dans le cas où ils s’obstineraient avec cet accord, ils rappellent à la Commission qu’elle ne peut pas scinder l’accord de manière à faciliter son entrée en vigueur en contournant les parlements nationaux. L’étape de la ratification nationale reste un impératif démocratique pour l’acceptabilité de tels accords.« 

 

*En savoir plus :

Article de Saskia Bricmont (en anglais)

– Étude : L’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur et son impact sur l’agriculture

– Enquête : Les entreprises européennes inquiètes de l’accord UE-Mercosur : un nouveau sondage YouGov le montre

– Article de Yannick Jadot et Anna Cavazzini : L’accord UE-Mercosur: une menace pour agriculture durable

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