Les entreprises européennes inquiètes de l’accord UE-Mercosur

31 janvier 2022

Un nouveau sondage YouGov, publié aujourd’hui, a recueilli l’opinion des chefs d’entreprise sur l’accord commercial UE-Mercosur.
Le sondage montre que près de la moitié (46,3 %) des chefs d’entreprise sont préoccupés par les incidences environnementales de l’accord.

Un nombre encore plus élevé (49 %) est favorable à des protections environnementales juridiquement contraignantes dans l’accord, y compris des sanctions en cas de violation des normes environnementales.

Le sondage a été réalisé tout au long du mois de novembre 2021 auprès de 2 420 chefs d’entreprise de huit États membres de l’UE (France, Allemagne, Pays-Bas, Italie, Espagne, Irlande, Belgique et Hongrie). Il a été commandé par le Groupe des Verts/ALE.

L’accord commercial UE-Mercosur entraînera une augmentation des exportations de bœuf, de soja, de bioéthanol (principalement dérivé de la canne à sucre) et d’autres produits agricoles de la région du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Venezuela) vers l’Union européenne. Il entraînera également une augmentation des exportations de l’Union européenne vers le Mercosur, notamment de voitures, de pièces détachées, de machines, de produits chimiques et de produits pharmacologiques.

L’accord s’est révélé controversé. Les activistes, la société civile et les experts ont tiré la sonnette d’alarme sur les ramifications possibles pour l’environnement et les droits de l’homme. Le Médiateur européen a critiqué la Commission européenne pour ne pas avoir finalisé l’évaluation de durabilité de l’accord UE-Mercosur avant de conclure les négociations[1]. Néanmoins, la Commission européenne reste désireuse de ratifier l’accord aussi rapidement que possible.

 

Près de la moitié des chefs d’entreprise sont préoccupés par l’impact environnemental de l’accord.

Le sondage révèle que près de la moitié des chefs d’entreprise interrogés sont préoccupés par l’impact environnemental de l’accord. 46,3 % des chefs d’entreprise se sont déclarés “très préoccupés” ou “plutôt préoccupés” par l’impact de l’accord sur l’environnement.

Des préoccupations importantes concernant l’impact potentiel de l’accord sur l’environnement et le climat ont été soulevées au cours des dernières années par diverses parties prenantes, y compris les États membres eux-mêmes. Le Parlement européen a déclaré à deux reprises qu’il ne ratifiera pas l’accord dans sa forme actuelle en raison des préoccupations environnementales[2],[3].

Une étude d’experts commandée par le gouvernement français a estimé que l’accord entraînera une augmentation de 25 % de la déforestation en Amérique du Sud[4]

 

Dans quelle mesure êtes-vous inquiets des impacts environnementaux de l’accord UE-Mercosur ?

Dans quelle mesure êtes-vous inquiets des impacts environnementaux de l’accord UE-Mercosur?

 

Un grand nombre de chefs d’entreprise interrogés (49 %) estiment que la meilleure façon de répondre à ces préoccupations environnementales serait d’adopter des clauses juridiquement contraignantes, assorties de sanctions en cas de non-respect. Seuls 22,7 % préféreraient des engagements sans sanctions. Un groupe important (28,3 %) ne sait pas comment répondre au mieux aux préoccupations environnementales.

Ces résultats envoient un signal clair à la Commission européenne, qui refuse à ce stade d’inclure des normes de durabilité sanctionnables dans l’accord UE-Mercosur. La Commission cherche à créer un protocole additionnel avec les pays du Mercosur. Celui-ci inclurait des engagements en matière de protection de l’environnement, mais ne prévoirait pas de sanctions en cas de non-respect, ce qui est largement insuffisant.

 

Comment pensez-vous que ces problèmes peuvent être résolus au mieux dans l’accord ?

Comment pensez-vous que ces problèmes peuvent être résolus au mieux dans l’accord ?

 

 

La Commission européenne s’efforce de faire ratifier l’accord commercial UE-Mercosur en raison de ses avantages pour l’industrie européenne. Cependant, seulement un chef d’entreprise sur cinq (22,4 %) interrogés dans les huit États membres  connaissait l’accord commercial UE-Mercosur, 40,7 % des personnes interrogées ne le connaissaient pas du tout et 22,3 % ne le connaissaient pas très bien.

À quel point connaissez-vous l’accord UE-Mercosur et son contenu ?

 

À quel point connaissez-vous l’accord UE-Mercosur et son contenu ?

 

De plus, après que les principales caractéristiques de l’accord leur aient été expliquées, un grand nombre des personnes interrogées (40,2 %) a déclaré penser que l’accord n’aurait aucun effet sur leur activité et seuls 22 % pensent que l’accord aura un effet positif sur leur activité[5]. Une part faible mais significative (11,4 %) des chefs d’entreprise interrogés pensent que l’accord aura un effet négatif sur leur activité.

 

Une fois signé, comment pensez-vous que l’accord UE-Mercosur impactera votre entreprise ?

 
Une fois signé, comment pensez-vous que l’accord UE-Mercosur impactera votre entreprise ?
 

L’eurodéputé du groupe Verts/ALE Yannick Jadot, rapporteur fictif sur l’accord UE-Mercosur, commente :

“Les résultats de ce sondage auprès des chefs d’entreprise sur l’accord UE-Mercosur sont éloquents. La moitié des chefs d’entreprise interrogés à travers l’Europe s’inquiètent de son impact environnemental. Et ils ont raison. Pour les petites et moyennes entreprises (PME) en particulier, c’est un très mauvais accord, écrit au profit des plus grands business tels que BASF et Bayer Monsanto qui exportent plus facilement de dangereux pesticides pourtant interdits dans l’Union européenne.  En facilitant les exportations pour les grands business, l’accord accentue la concurrence, à laquelle seront exposées les PME. Le texte de l’accord n’offre aucune garantie pour ces petites entreprises exposées à une concurrence indue. C’est un mauvais accord pour l’environnement, pour la santé, pour les PME. Refusons l’accord UE-Mercosur !”

L’eurodéputée du groupe Verts/ALE Anna Cavazzini, rapportrice fictive sur l’accord UE-Mercosur, commente :

“Nous entendons encore et encore le même argument : l’industrie veut l’accord commercial UE-Mercosur ! Mais cette affirmation ne tient pas la route. En fait, l’enquête montre que le soutien à l’accord commercial controversé UE-Mercosur n’est pas particulièrement élevé dans le milieu des affaires européen.

Les chefs d’entreprise partagent nos préoccupations quant à l’impact de l’accord sur le climat, les forêts tropicales et les droits humains, tandis que beaucoup ne voient pas de conséquences positives directes pour leur entreprise. Ce n’est pas surprenant, car l’accord UE-Mercosur comporte trop de défauts. La plupart des chefs d’entreprise européens soutiennent la demande d’inclusion de normes de durabilité sanctionnables dans l’accord. La Commission européenne doit enfin changer de cap pour que cela se produise.”

 

Avertissement

Cette enquête a été menée par YouGov auprès de personnes occupant un poste de direction dans huit États membres de l’UE (Allemagne, France, Belgique, Hongrie, Pays-Bas, Irlande, Italie et Espagne), avec un total de 2 420 entretiens, répartis de manière égale entre les huit pays. Les entretiens ont eu lieu du 8 au 18 novembre 2021.

Téléchargez le pdf du sondage (en anglais)

 

[1] https://www.ombudsman.europa.eu/en/news-document/en/130053

[2] https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2020-0252_EN.html

[3] https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2021-0425_EN.html

[4] https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2020/09/rapport_de_la_commission_devaluation_du_projet_daccord_ue_mercosur.pdf

[5] “L’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) sont sur le point de signer un accord de libre-échange. Cet accord entraînera une augmentation des exportations de bœuf, de soja, de bioéthanol (principalement dérivé de la canne à sucre) et d’autres produits agricoles du Mercosur vers l’UE. Il entraînera également une augmentation des exportations de l’UE vers le Mercosur de voitures, de pièces détachées, de machines, de produits chimiques et de produits pharmaceutiques.”

Article publié à l’origine sur le site du groupe Verts/ALE

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