Stopper les échouages de dauphins dans le Golfe de Gascogne : visite et autopsie à l’observatoire PELAGIS
Depuis le début de mon mandat, je suis avec attention la problématique des échouages de dauphins dans le golf de Gascogne. Selon l’institut PELAGIS, un observatoire scientifique chargé du suivi des échouages des mammifères marins, entre 5 000 et 10 000 dauphins meurent chaque année et un millier d’entre eux s’échouent le long des côtes françaises du Golf de Gascogne, après avoir été capturés accidentellement dans des filets de pêche. Une hécatombe qui a considérablement augmenté ces dernières années.
Cette problématique m’a amené à rencontrer différents acteurs concernés : des représentants des pêcheurs, aux ONGs en passant par les scientifiques de l’IFREMER pour mieux cerner le problème. Pour constater l’ampleur du problème par moi même, je me suis rendue à l’Institut PELAGIS en mai 2022 à La Rochelle avec l’ONG France Nature Environnement (FNE) et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO).
L’autopsie : l’hypothèse de captures accidentelles validée
Après une présentation du centre et du suivi des échouages réalisés par PELAGIS, nous avons assisté aux autopsies d’un marsouin et d’un dauphin commun. L’autopsie externe du marsouin a révélé la présence de traces de filets sur la peau du marsouin. L’autopsie interne du dauphin a montré qu’il n’était pas malade mais que les traces externes et internes étaient elles-aussi liées à une capture accidentelle par un filet de pêche qui a conduit à la mort de l’animal.
Mettre un terme à l’hécatombe: mettre en place des fermetures temporaires de pêche
Les scientifiques nous alertent que le taux de mortalité des dauphins lié aux captures accidentelles n’est pas soutenable et met en danger l’espèce. Il faut agir.
En 2020, les scientifiques du CIEM (Conseil international pour l’exploration de la mer) ont préconisé l’adoption de mesures d’urgence pour empêcher les prises accessoires de dauphins et de marsouins. Ce rapport recommande une combinaison de fermetures temporaires des pêcheries concernées correspondant aux périodes de pics d’échouage et de mortalité, ainsi que l’utilisation de dispositifs répulsifs acoustiques (pingers) pour les chalutiers – des émetteurs qui permettent de repousser les cétacés hors des zones où les navires pêchent – hors des périodes de fermetures.
Sur la base de ces avis scientifiques, la Commission européenne a lancé en juillet 2020 une procédure d’infraction contre la France car elle ne remplit pas ses engagements pour protéger les dauphins.
Depuis, le gouvernement français a exclu toute possibilité de fermeture temporaire. En février 2021, la ministre de la mer Annick Girardin a présenté un plan d’action basé notamment sur le déploiement des dispositifs répulsifs acoustiques (pingers) ainsi que de caméras à bord des navires mais elle a exclu l’hypothèse de fermetures temporaires. Les pingers ne sont malheureusement pas une solution suffisante : ils ne peuvent être installés que sur les chalutiers (les fileyeurs ne sont pas équipés) et leur utilisation massive risque d’avoir des effets négatifs pour l’espèce en éloignant systématiquement les dauphins de zones clés pour leur survie.
En octobre 2021, la Commission européenne a une nouvelle fois demandé à la France d’agir en instaurant des fermetures temporaires, ce que le gouvernement français n’a pas voulu entendre et a clairement décliné. Les ONGs qui avaient saisi le Conseil d’Etat en décembre 2021 restent mobilisé⸱e⸱s sur ce sujet et j’ai moi même adressé une question écrite à la Commission européenne cet hiver, pour lui demander d’aller plus loin dans la procédure d’infraction en cours.
La mobilisation continue pour que la France agisse. Nous demandons au gouvernement de mettre en place les fermetures temporaires requises pour les navires de pêche concernés. En contrepartie, des possibilités de compensation existent et doivent être mises en œuvre pour aider les pêcheurs, et à plus long terme, financer la transition vers des techniques de pêche plus sélectives.
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