A la veille de la Journée internationale des Roms, 28 familles sont expulsées dans le Nord

9 avril 2010
De nombreux Roms installés depuis deux ans dans un campement près de Boulogne-sur-mer viennent de recevoir leur avis d’expulsion. Pour les associations de soutien à cette minorité, le sommet européen pour l’inclusion des Roms (les 8 et 9 avril à Cordoue) semble bien loin. Hélène Flautre, élue Europe écologie dans le Nord, s’est jointe à leur manifestation pour dénoncer l’absurdité de cette décision.
Les eurodéputés ont récemment demandé aux Etats-membres de l’Union européenne de veiller à fournir une aide appropriée aux familles Roms installées sur leur territoire. Il s’agit en théorie de respecter les principes énoncés dans la Charte des droits fondamentaux – et en pratique, d’éviter le rapatriement « forcé » dans son pays d’origine, d’une population qui y est souvent victime de discriminations.

A la veille de la Journée internationale des Roms (8 avril), c’est exactement l’inverse qui a eu lieu dans le Boulonnais : « Avec cet avis d’expulsion, les effets bénéfiques du travail des associations s’écroulent : les enfants des familles de Wimille étaient scolarisés, visiblement heureux d’aller à l’école. Ils allaient mieux également du point de vue de leur santé… On voyait les résultats des efforts de tous les acteurs de terrain ! », estime Hélène Flautre qui regrette de voir une dynamique si positive ruinée par cette décision de la sous-préfecture de Boulogne-sur-mer.


par EurodeputesEE

Cette dernière justifie la procédure en évoquant le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) : selon ce texte, après trois mois de séjour dans un pays membre, les ressortissants de la communauté européenne doivent apporter la preuve de revenus réguliers et d’une assurance maladie. Les Roms de Wimille ne répondent pas à ces critères. Pourtant est-ce une raison pour leur confisquer leur passeport de citoyens européens ? La question scandalise les militants qui ont manifesté le mercredi 7 avril à Boulogne-sur-mer. « Il semble que le gouvernement s’apprête à procéder à des renvois groupés, ce qui est contraire à la juridiction en vigueur, en particulier à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme », estiment-ils.

« Rien ne bouge »

« Une fois de l’autre côté de la frontière, que peuvent-ils faire ? », s’interroge à son tour Gérard Minet de la Ligue des droits de l’homme (LDH) dans le Nord. « Attendre puis revenir ? C’est ici qu’ils vivent depuis plusieurs années, qu’ils ont leurs contacts. Les aides au retour sont des leurres : les Roms sont victimes de brimades dans leur pays d’origine alors ils ne souhaitent qu’une chose : revenir vers l’Europe de l’Ouest. »

Ce constat est partagé par les eurodéputés du groupe Verts/Ale qui souhaitent que le deuxième sommet européen sur les Roms, à Cordoue, soit une réussite. Ces deux jours de débats et d’évaluations des politiques déjà existantes en matière des discriminations devraient déboucher sur une meilleure coordination à l’échelle de l’Union européenne. Mais du point de vue des militants de la Ligue des droits de l’homme engagés sur le terrain, rien ne bouge : « Le bilan du premier sommet sur les Roms en 2008 était décevant car les égoïsmes nationaux avaient pris le dessus, poursuit Gérard Minet. L’Europe grandirait pourtant en prenant en considération ce peuple sans territoire, au cœur de l’Europe depuis de nombreux siècles. La réalité rom est extra-nationale et elle doit s’intégrer dans la dynamique européenne du dialogue des cultures. » Un vœux pieux ? « Le premier collectif LDH a vu le jour en 1990, se souvient Gérard Minet, et depuis tout ce temps, on retrouve toujours les mêmes problèmes… souvent aggravés. »


par EurodeputesEE

De l’argent à débloquer dans les fonds structurels européens

1200 Roms seraient installés dans la communauté urbaine de Lille selon le collectif d’associations qui leur vient en aide. Leur situation est difficile en matière d’hébergement. La question de la scolarisation des enfants est également sensible. « Ici à Lille, il n’y a pas de crédits, donc pas de volonté politique de la part du gouvernement pour faire évoluer les choses et avoir une réelle politique d’accueil, explique Gérard Minet. La réalité, c’est que les jeunes Roms aujourd’hui ne sont pas concernés par ce qu’on raconte sur l’égalité des chances dans les institutions. »

Mobil homes, terrains de transit répartis dans la communauté urbaine et permettant de vivre dans des conditions sanitaires acceptables avec des poubelles, des sanitaires, des points d’eau… Les solutions de logement que trouvent les associatifs sont nombreuses. « Mais il n’y a de solution réelle que durable grâce à un plan national ou régional qui permettrait une organisation globale des sites et des moyens », estime le collectif. Selon Hélène Flautre, il faut utiliser l’argent des fonds structurels européens qui existent notamment pour lutter contre les discriminations : « La préfecture devrait être capable d’aller chercher ces sous pour soutenir des projets d’intégration. Il faut encourager et aider les associations de soutien aux Roms ! Pas l’inverse ! »

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