Au FSM, la société civile donne le tempo
Nulle part ailleurs qu’en ces Forums sociaux mondiaux on ne sent battre aussi fort le tempo de la société civile mondiale, ses réflexions croisées, ses interrogations et ses propositions alternatives. Nulle part ailleurs on ne se sent au final autant rassuré sur l’avenir de l’humanité. Malgré les superstructures opaques et oppressantes de l’économie libérale, du productivisme et de la finance délirante, qui semblent tenir le monde à la gorge et le conduire à l’abîme, les hommes et les femmes du monde réel existent toujours bel et bien et ils le font savoir.
Il en va ainsi à Tunis comme il en a été ailleurs, de Porto Allegre à Dakar. Mais, cette année, au cœur de la capitale tunisienne, il y a plus : nous sommes ici les témoins d’une aventure humaine extraordinaire. C’est ici que sont nés les printemps arabes, c’est ici que le peuple tunisien a donné le signal de départ des révolutions égyptienne, libyenne et syrienne. C’est ici que se déroule l’histoire. Nos ami(e)s tunisiens, dont la réputation d’hospitalité et de gentillesse n’est plus à faire, sont les acteurs d’un évènement qui, depuis deux ans, se déroule chaque jour au sein de leur société.
Comment passer d’un état de dictature à un Etat de droit, comment contenir les violences inhérentes à tout processus révolutionnaire, comment tracer un chemin commun entre les intérêts divergents d’une société multiple, comment concilier des cultures a priori opposées (principes laïques d’un côté, tradition arabo-musulmane de l’autre), comment, en même temps, tracer les voies d’un développement harmonieux, réduire les inégalités, trouver des activités économiques durables ? Autant de questions ouvertes qui interpellent ici chaque participant au Forum, d’où qu’il vienne, quel qu’il soit.