Catherine Grèze : « Avec Marina Silva, les Verts sont devenus la troisième force politique au Brésil »
Cette victoire bien méritée donne beaucoup d’espoir : elle est le fruit d’un long processus de construction de l’écologie politique au Brésil. J’ai apporté mon soutien à Marina Silva dès son investiture en octobre 2009. Avec les militants de la cause écologiste, elle a réussi à garantir l’autonomie du Parti Vert lors des dernières élections. Et ce parti est incontestablement devenu la troisième force politique du pays. C’est un pas de plus vers le renforcement de l’écologie politique brésilienne, mais aussi mondiale.
Ce phénomène est visible un peu partout sur le continent sud-américain…
Les Verts en Amérique latine franchissent cette année un saut quantitatif énorme : Mexique, Colombie, Brésil… Mais à la différence du très médiatique leader écologiste Antanas Mockus en Colombie, l’émergence du Parti Vert au Brésil s’inscrit, lui, dans la durée. Lors des dernières élections municipales en 2008, les 10 540 candidats des listes vertes autonomes ont remporté pas moins de 2,6 millions de voix. 23 % des suffrages ont même été atteints à la Mairie de Rio. Ces excellents résultats ont un impact profond, et ne sont pas seulement dus à la personnalité de Marina Silva – même si c’est bien elle qui a su entraîner de nombreux membres du Parti des travailleurs (PT) de Lula, lassés de la politique productiviste de leur chef, sous la bannière verte.
Quel est le bilan environnemental de Lula ?
Il est catastrophique. Marina Silva, quand elle était ministre de l’environnement du gouvernement de Lula, a tenté d’influer sur la politique environnementale brésilienne. Mais elle a fait le choix de la démission : si Lula a marqué les esprits grâce à sa politique sociale, son ère a été dramatique pour l’environnement. Relance du programme nucléaire, ouverture du Brésil aux OGM, destruction de l’Amazonie pour les agro-carburants, manque de respect envers les peuples indigènes… la voie de développement qu’il a engagée n’est ni durable, ni soutenable. Ses discours marqués à gauche ont mal maquillé une politique néo-libérale au sein du Mercosur, et dans le financement de « méga-projets » pour lesquels des populations entières ont dû être déplacées et des écosystèmes détruits. C’est le cas par exemple de la construction d’une centrale hydro-électrique au Pérou destinée à envoyer 75 % de sa production au Brésil voisin.