Ce qui permettrait vraiment de reprendre la main sur la finance
Le deuxième sujet en cours de négociation sur lequel l’alternance en France ouvrirait de nouvelles perspectives est celui de la réglementation bancaire, et notamment la question non résolue des banques « trop grosses pour faire faillite et trop grosses pour être sauvées », comme BNP Paribas, dont l’actif est quasiment équivalent au PIB de la France. L’opposition farouche de l’actuel gouvernement français à la séparation des banques d’affaires et des banques de dépôt comme à l’introduction d’une « Volcker rule » européenne limitant le trading pour compte propre des banques, a bloqué toute initiative. Si le nouveau gouvernement entre dans une autre logique, une alliance est possible, cette fois-ci avec le Royaume-Uni, pour faire bouger les lignes notamment au sein de la commission Liikanen mise en place par Michel Barnier, le commissaire européen chargé des Services financiers, qui travaille sur cette réforme en ce moment même.
Le troisième sujet est bien sûr la taxe sur les transactions financières. La taxe décidée par Nicolas Sarkozy n’est qu’un écran de fumée et se révèle contre-productive dans le débat européen. Elle vient en effet concurrencer le projet de la Commission, qui porte sur une assiette beaucoup plus large, susceptible de collecter 55 milliards d’euros dans les 27 Etats de l’Union. D’ailleurs les libéraux allemands ne s’y sont pas trompés : alors qu’ils sont farouchement opposés à la taxe dans la version de la Commission européenne, ils sont favorables à la version française, qui ne permettra de collecter que de 200 à 300 millions d’euros. La priorité en cas d’alternance sera donc de soutenir la version européenne de la taxe, quitte à la mettre en place sous forme de coopération renforcée en cas de refus du gouvernement britannique. Comme il s’agit d’une des conditions posées par le SPD et les Grünen en Allemagne au vote du traité budgétaire, les conditions politiques seront réunies pour enterrer la « taxe Sarkozy » et revenir au projet plus ambitieux de la Commission européenne.
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Un commentaire
Article très instructif. Pourquoi la presse ne parle pas plus de tous ces sujets, de ce qui est vraiment en débat au Parlement Européen ? Les positions des différents pays sont donc bien éloignées de ce qui est présenté dans le tumulte des infos.