Libye : l’UE doit apporter un soutien humanitaire de toute urgence
« Manifestement le gouvernement italien n’a pas réussi à convaincre l’UE de l’imminence d’un péril migratoire et c’est une bonne chose. Mais le Conseil semble trainer des pieds et ne pas activer des instruments pourtant à sa disposition: l’UE doit répondre de manière ambitieuse à cette situation exceptionnelle et elle en a les moyens.
Le Conseil doit se tenir prêt à activer la Directive de 2001 prévoyant un dispositif exceptionnel de protection immédiate et temporaire, en établissant d’ores et déjà, via un mécanisme communautaire de répartition, les capacités d’accueil de chacun en coopération avec les organisations internationales et européennes compétentes. C’est un test majeur de la solidarité entre Etats membres et de la crédibilité du projet européen. Aussi, le recours à l’arsenal sécuritaire tel que l’agence Frontex est une fois de plus malvenu : ni répression, ni intimidation.
Tout retour en Libye ou toute dissuasion au départ reviendrait à violer la Charte des Droits fondamentaux et le principe de non refoulement mais aussi le droit de chacun à quitter son pays proclamé dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Au contraire, l’UE doit se concentrer de toute urgence sur les besoins humanitaires et de protection des personnes interceptées en mer. Aussi,elle doit au plus vite aussi fournir une assistance humanitaire pour toutes les personnes trouvant refuge en Égypte et en Tunisie, par l’octroi de fonds d’urgence aux autorités de ces pays et en prolongeant cet accueil sur le territoire européen . Une attention toute particulière doit être portée aux migrants subsahariens, déjà vulnérables et actuellement victimes de violences ciblées.
La vague de démocratisation à l’œuvre depuis plusieurs semaines dans les pays arabes est une occasion unique pour l’UE de proposer un dialogue nouveau sur les questions migratoires. Le temps d’une politique européenne répressive reposant sur des régimes dictatoriaux est révolu! L’aspiration à la liberté de ces peuples passe par la création d’un pacte de mobilité à l’échelle euro-méditerranéenne. Il en va de la stabilité et la paix de la région, mais aussi du développement socio-économique et humain des deux rives, puisque, nous le répéterons jamais assez, les effets des flux migratoires sont bénéfiques à tous. »