Copenhague ne peut pas être un échec

9 décembre 2009
Le sommet de Copenhague, qui s’est ouvert lundi, est la plus grande mobilisation jamais vue pour l’avenir de la planète. L’espoir est immense pour parvenir à des engagements sur des objectifs chiffrés. Chacun y va de ses pronostics. Les fatalistes prédisent un échec. Ceux qui croient — et savent — que la mutation de nos modes de production et de consommation est aujourd’hui possible attendent une réussite. Une réussite qui dépend d’un volontarisme fort de représentants politiques responsables et visionnaires.

Je ne suis ni alarmiste ni fataliste. Je suis certes optimiste mais je me targue avant tout d’être réaliste et pragmatique. Le climat change, la société aussi. C’est faire fi de l’intelligence collective que de prétendre que tout est joué par avance et que les modèles d’hier sans avenir gouvernent le monde et le paralysent. C’est être utopistes, aujourd’hui, d’imaginer que l’inaction politique et économique face aux bouleversements globaux ne susciteront pas au pire soulèvements populaires violents et dictatures, au mieux mutations profondes de nos modèles de développement, de production et de consommation.

L’enjeu du sommet de Copenhague englobe des phénomènes bien plus vastes que la perspective d’un réchauffement hors du commun de l’atmosphère mesurable au bulletin météo quotidien. Le défi tient dans notre capacité à éviter les conséquences d’un emballement du dérèglement climatique auquel le génie humain ne pourra pas faire face. Limiter et maintenir le réchauffement climatique en deçà de 2 degrés dans les 50 prochaines années, est nécessaire pour nous permettre de nous adapter et ralentir le dérèglement climatique.

La carte du monde et les enjeux géopolitiques de l’ère post-pétrole vont également se négocier au Danemark. Nous allons pouvoir mesurer l’anticipation et la capacité politique visionnaire de nos chefs d’Etat : comment et que feront-ils face aux risques liés à l’accès à l’eau potable et à l’alimentation, aux perturbations climatiques que sont les sécheresses, inondations et tempêtes, aux risques sanitaires, aux pertes d’habitats viables avec les migrations forcées et l’extinction des espèces…

Je ne suis pas de ceux qui parient sur l’échec de ce sommet parce que je crois profondément que la question scientifique du réchauffement climatique est devenue une question sociale. Parce que n’en déplaisent à certains, parmi les préoccupations mondiales sur l’environnement, le climat occupe une place qui n’a cessé de gagner en importance, parce que cette question n’est plus seulement une question de nantis, parce que le changement climatique nous engage sur la voie du changement de nos modes de développement et de nos modes de vie – parce que l’échiquier mondial va être particulièrement bouleversé…. Et parce que ce changement ne comporte rien de négatif : il est créateur d’emplois, il est créateur de lien social, il est un stimulant de l’innovation technologique et de la solidarité…

Ce n’est peut-être pas de bon ton dans le contexte politique à la française où il fait toujours meilleur, pour être intellectuellement et médiatiquement entendu/remarqué d’être systématiquement «contre», de prévenir du pire en se positionnant comme spectateur et commentateur du monde qui va à sa dérive…

Je serai à Copenhague, pour agir et convaincre, je ne ferai pas partie des cyniques, coincés dans l’immobilisme de leur vieilles croyances, leur rêves du c’était «mieux avant». Je ne serais pas de ceux qui ne croient pas au dépassement, qui ont peur du changement et refusent de voir que le climat qui change et se dérègle n’est rien d’autre que le reflet d’une société humaine qui a besoin de renouveau et qui est prête à s’adapter si on lui en donne les moyens.

C’est la raison pour laquelle, au lendemain de l’ouverture de ce sommet, je rentre dans le camp des optimistes, ignore les sceptiques et fatalistes pour m’aligner sur la déclaration du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon qui déclarait dans le quotidien danois Berlingske Tidende (et sur le Monde):

Je suis très optimiste pour Copenhague. Nous aurons un accord – et je crois qu’il sera signé par tous les pays membres de l’ONU, ce qui serait historique. Nous avons le bon esprit politique. Tous les chefs d’Etat et de gouvernement sont d’accord sur l’objectif – combattre le réchauffement climatique. Maintenant, il nous faut juste nous mettre d’accord sur la façon de le faire. Ca va aller. Le sommet de Copenhague est le moment parfait pour négocier sur ce que nous savons. Ne perdons pas de temps parce que tous les gouvernements du monde sont d’accord sur le fait que la température moyenne ne doit pas augmenter de plus de deux degrés.

Ce sommet ne doit et ne peut pas être un échec. Parce que face à l’ampleur de la prise de conscience mondiale, les Etats n’ont d’autre choix que de démontrer une réelle volonté d’agir, parce qu’il y aura un «après Copenhague» et que si certains Etats envisagent encore de s’inscrire en toute impunité dans une grande fumisterie… La réalité de la violence des conséquences de notre inaction nous ramènera vite à l’obligation d’agir. Aujourd’hui, nous avons encore le choix entre l’intelligence et la diplomatie face à la violence et la barbarie…

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