Débat sur l’impact de la PAC sur les pays ACP
En effet, la PAC dit avoir supprimé les subventions à l’exploitation, mais chacun sait que des aides de substitution sont en place qui, pour une grande part, continuent à donner aux grands exportateurs européens une garantie de ressources publiques très importantes pour continuer à envahir le marché africain.
Il s’agit pourtant des produits de consommation courante comme le lait, les volailles, le maraîchage, les céréales, le sucre, …
Il faut donc contrôler l’effet des aides européennes sur ces produits essentiels dont les débouchés à l’export viennent concurrencer, à moitié prix, grâce aux subventions, les productions locales, ce qui finit par ruiner les producteurs locaux.
Les pays ACP doivent pouvoir contrôler ces importations par des politiques de quotas.
D’autre part, les agriculteurs ACP sont désarmés pour se moderniser et pour devenir performants sur le marché agricole. Il n’existe pas de banque agricole. Très souvent, ils sont cantonnés à l’autosuffisance et aux petits marchés locaux.
Avec une population qui s’urbanise à la vitesse grand V, il faut engager une politique de développement agricole, coordonnée, faisant coopérer les agriculteurs des pays d’une même région, et dotée des moyens d’investissement nécessaires.
Il faut de l’intégration, de la formation, des finances, à court terme pour financer les campagnes annuelles, à long terme pour investir sur la mécanisation, l’accès aux intrants, les bâtiments, la transformation et le conditionnement.
Sur tous ces domaines, il faut concevoir des programmes cohérents et ambitieux. Et dans la mesure où l’aide budgétaire globalisée deviendrait la règle, il faut aussi veiller à soutenir les efforts de structuration du monde agricole des pays ACP, dans chaque pays, et par les coordinations sur de grandes zones (Afrique de l’ouest par exemple) afin que le contre-pouvoir de la société civile soit soutenu et puisse peser sur les politiques menées par les Etats.
Donner aux organisations agricoles les moyens de se développer doit faire aussi partie de nos priorités.
François ALFONSI