Directive émissions sonores des véhicules : le Parlement européen reste sourd face aux enjeux sanitaires et cède au tintamarre du lobby automobile
« Selon l’Agence européenne de l’environnement, 50 % de la population urbaine de l’UE est exposée à des niveaux sonores supérieurs à 55 dB, du fait du trafic routier. L’OMS a pour sa part établi qu’une exposition constante au bruit du trafic routier accroît le risque de maladies cardiovasculaires: 1,8 % des crises cardiaques dans les pays d’Europe de l’Ouest sont attribués à un niveau sonore du trafic supérieur à 60 dB. Pour une exposition constante nocturne c’est dès 30 dB qu’une gêne apparaît (fatigue, stress et augmentation de la tension artérielle).
Ce texte n’aurait répondu qu’a minima à ces enjeux puisque dans le meilleur des cas les réductions qui auraient du être imposées aux véhicules (68 dB pour les voitures et 78 pour les poids lourds) étaient insuffisantes pour réduire significativement l’impact de cette pollution sonore, notamment pour les riverains d’autoroutes et périphériques. Une étude réalisée en 2008 par l’ONG « Transports et Environnement » a établi une moyenne de 50 000 morts/an (arrêts cardiaques) et environ 200 000 maladies cardiovasculaires liées au bruit dans l’UE: les coûts sanitaires sont ainsi estimés à 40 milliards d’euros par an. Qu’attend-on pour agir vraiment contre cette nuisance aussi tuante que coûteuse ? »
Pour Sandrine Bélier, eurodéputée EELV :
« Le Parlement européen avait l’opportunité de diminuer considérablement l’impact des véhicules tant sur l’environnement que sur la vie des citoyens européens. Au lieu de ça, le résultat voté par la Droite est un retour en arrière dramatique remettant ainsi en cause le peu d’acquis existants et risquant d’affaiblir la législation actuelle. C’est le résultat d’un lobbying éhonté de la part des constructeurs automobiles, Porsche faisant figure de proue, qui refusent catégoriquement tout progrès et le moindre effort depuis plus de 20 ans.
Pourtant, nous, écologistes, pensons que réduire les nuisances sonores, véritable fléau, est tout à fait possible et réalisable à court terme. Les industriels doivent jouer le jeu en ne freinant pas des règles claires et ambitieuses qui permettraient de développer de nouvelles perspectives pour le marché automobile de demain et représenteraient ainsi un véritable atout face à nos concurrents asiatiques et américains. »
Et les deux députées européennes de conclure :
« Réduire l’impact des véhicules doit être une priorité que ce soit au niveau du changement climatique, des émissions de particules fines et de la pollution sonore. Pour une automobile d’avenir, les décideurs politiques doivent établir des cadres stricts et lucides sans céder face au tintamarre des industriels et de leurs lobbies. Mais ils doivent aussi légiférer sur l’interdiction des poids lourds dans certaines zones sensibles ou bien la vitesse autorisée des véhicules. Réduire les limites maximales de vitesse permettra de diminuer significativement tant les émissions de gaz à effet de serre que les émissions sonores, et permettra la généralisation d’une éco-conduite propice à l’allègement de la facture énergétique de chacun. »