Énergie nucléaire/Aides d’État
Réaction de Michèle RIVASI, Vice-présidente du Groupe des Verts/ALE et membre de la Commission ITRE :
«Il ne fait aucun doute que les conditions généreuses offertes par le gouvernement britannique à EDF sur Hinkley Point C équivalent à une aide d’État illégale en vertu des règles de l’UE. Nous avions argumenté et justifié le refus de cet accord auprès de la Commission – qui a fait la sourde-oreille – sachant très bien que le temps comptait en sa faveur et qu’elle n’aurait plus à se justifier. Cette décision est d’une lâcheté que les contribuables britanniques retiendront à l’encontre de l’UE, cet accord s’étant fait dans leur dos et à leurs frais. Il semblerait que cet accord soit la contrepartie des avantages offerts aux énergies renouvelables en Allemagne, ça n’est pourtant pas comparable : seules les technologies émergentes doivent être soutenues, pas les technologies matures soutenues publiquement depuis soixante ans ».
« L’accord conclu aujourd’hui va avoir un impact dévastateur sur les véritables investissements d’avenir, pour des énergies propres, sûres et renouvelables, et crée un précédent inquiétant pour l’ambition énergétique de l’Union européenne. Cette renaissance forcée du nucléaire, contre les règles de la concurrence et du marché européen pourtant défendues et protégées par la Commission, est un véritable scandale ».
Claude TURMES, porte-parole du groupe des Verts/ALE sur l’énergie, a déclaré:
« La décision de ce matin donnant le feu vert aux aides d’États pour des nouveaux réacteurs nucléaires en Grande Bretagne est un scandale. Il s’agit ici d’un mélange explosif entre folie économique, non-respect du principe pollueur-payeur ni des lois existantes sur la marché interne de l’énergie. Les Verts au PE condamnent profondément cette conspiration entre certains gouvernements comme par exemple la Grande Bretagne, l’électricien monopolistique français EDF et le président de la Commission Barroso ainsi que les Commissaires Oettinger et Almunia ».
Les Verts au Parlement européen feront tout ce qui nécessaire pour obtenir l’annulation de cette décision auprès de la cour de justice européenne, que le gouvernement autrichien souhaite également contester.
Pour plus d’informations, veuillez également lire cette tribune des eurodéputé-e-s écologistes
(1) Selon les termes du contrat pour la construction du réacteur C de la centrale nucléaire d’Hinkley, Électricité de France (EDF) recevrait un prix garanti de 92,50 livres sterling par MWh (environ deux fois le prix de gros actuel), et bénéficierait aussi d’une garantie de crédit de 10 milliards de livres sterling (12,7 milliards d’euros) du gouvernement britannique. Les mesures prises par le Royaume-Uni ont dû être modifiées, à la suite de négociations avec la Commission. Le niveau de rémunération de la garantie d’État par l’opérateur, jugé trop bas, a été relevé, ce qui revient à une baisse de la subvention d’environ 1,3 milliard d’euros. Par ailleurs, en cas de profits plus élevés que prévu actuellement, les gains devront être partagés avec les contribuables britanniques. Si les profits augmentent d’un point de pourcentage, cela se traduira par une économie d’environ 1,5 milliard d’euros pour les autorités britanniques, explique la Commission. Ce mécanisme sera en place pour 60 ans, soit la durée totale du projet, au lieu des 35 ans prévus initialement.