Finance Watch veut faire pièce aux lobbies financiers à Bruxelles
Florence Autret, à Bruxelles
2 février 2011
L’AGEFI Quotidien
Souhaitant fournir une contre-expertise sur les dossiers financiers, l’ONG vise un budget de 2 millions d’euros et un démarrage avant l’été
Finance Watch, le contre-lobby bancaire, est sur les rails. La cinquantaine d’organisations non gouvernementales et de confédérations syndicales qui ont exprimé leur intérêt pour le projet se réuniront pour la première fois à Bruxelles ce jeudi. L’idée en avait été lancée au début de l’été dernier par une poignée d’élus du Parlement européen. Elle avait décollé en réaction au lobbying intense des opérateurs financiers sur les nombreux textes législatifs en discussion, notamment la directive sur les gestionnaires de fonds alternatifs. Depuis, plusieurs centaines d’élus et de dirigeants politiques ont signé l’appel à la création de Finance Watch en vue de fournir «une contre-expertise sur les activités menées sur les marchés financiers par les principaux opérateurs (banques, compagnies d’assurance, hedge funds, etc.)».
Les initiateurs du projet espèrent tirer la moitié de leur budget de 2 millions d’euros par an de la Commission européenne. «C’est en ligne avec ce que reçoit le BEUC», le Bureau européen des unions de consommateurs, explique l’eurodéputé Pascal Canfin (Verts). Michel Barnier s’est plusieurs fois prononcé en faveur d’une meilleure représentation des acteurs non industriels dans l’élaboration de la régulation financière. Mais le bilan de la Commission en la matière reste particulièrement indigent sur ce plan. Le reste du financement serait levé auprès de fondations et de particuliers.
«Pour l’instant, il s’agit de valider trois éléments clés : la charte des valeurs et des missions, la gouvernance et le plan de financement», explique Pascal Canfin. La Confédération européenne des syndicats ou le think-tank Re-Define font partie de la cinquantaine d’organisations qui seront présentes jeudi. Elles auront ensuite un mois pour y adhérer formellement. Le travail de lobbying pourrait commencer au début de l’été.Les règles de dotation en capital des banques, la question du «too big to fail», les bonus ou encore l’encadrement des marchés de dérivés OTC comptent parmi ses sujets d’études probables. En attendant la création opérationnelle de l’organisation en avril-mai, la gestion du projet est pour l’instant entre les mains de Thierry Philipponnat, ancien directeur des dérivés actions chez Euronext, également passé par BNP Paribas et UBS.